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Encre Nocturne   

LES LETTRES EMPRISONNÉES ET LES LETTRES EMPOISONNÉES chapitre 1

f.louis.dorleans | Publié le dim 23 Déc 2018 - 10:52 | 749 Vues

LES LETTRES EMPRISONNÉES

ET

 LES LETTRES EMPOISONNÉES

 

 


 

 

 

 

 

Résumé

 

Cher Lecteur,

Mes lignes vous raconteront la capture de Lilith, et achèveront sa traque millénaire. L’Alpha Bête s’était cachée de nous et de notre lignée tribale. Elle était tantôt masquée par l’éclat de la lune, ou réfugiée derrière son noir intégral.  Réfugiée derrière notre plus belle muse, elle violait nos rêves, muselait nos prophètes, et elle s’en amusait. C’est à cet endroit que je l’ai capturée, et grâce à la force d’une lettre ancienne, je suis parvenu à l’emprisonner.

Une fois soumise, elle m’écrira d’un ton, les lettres de la création, et j’y ai découvert un plan ayant pour but notre servilité.

J’ai décidé dès lors, de faire la guerre, à toutes ces lettres empoisonnées.

 

 

D.


                                                                                                                                                                                I.            VITAE

 

 

 

Depuis longtemps, j’aime les lettres, depuis mon plus ancien souvenir de jeune garçon. Je les aime, car elles n’ont aucune autre comparaison. Je les ai toujours vues fières et solidaires, tout en colonisant leurs horizons solitaires. Dès lors que j'en ai colorié les formes, j’ai découvert leur pouvoir extraordinaire. Elles sont nos danses et seront nos errances, notre essence et la laitance de nos aventures littéraires. Lorsqu’elles soca dansent et dandinent en bande, c’est parce qu’il y à quelqu’un qui se trouve derrière. En suivant les semonces hypniques de nos tambours antiques, elles se dessinent sur mes lignes, et emprisonnent dans leur aire, nos rythmes inspirés d’Afrique. Tandis qu’elles font tout notre bonheur, il leur arrive parfois de toucher un poète, en l’atteignant en plein cœur. Pour surmonter cette douleur, celui-ci doit leur faire mal ailleurs, et prouver qu’il est meilleur. Lorsqu’il achèvera sa quête, une aisance nouvelle enchantera dès lors, l'encre d’or avec laquelle  sa plume en sort, scellera le panthéon de ces lettres immortelles.

 

La lune est la plus belle femme de notre monde, et aucune de notre terre ne pourra jamais lui faire d'ombre.

 

Afin d’atteindre ses nuages, je dois dévêtir ma première veste puis endosser, le rôle de Maître des lettres. Je m’effacerai au profit de ce personnage, et sans renier ma tâche, cette démarche rendra mon écriture plus zélé. Je désire attirer l’Alpha Bête hors de son décor satiné, avant que la pleine lune n’atteigne son zénith, alors il me faudra être proche, aussi proche qu’il ne m’est permis d’être, pour débuter ma combine. Lecteur, je dois avoir la certitude de réussir à séduire l’Alpha vermine. Je recherche une créature qui a disparu de la terre et de notre air, Lecter, mais dont l’image volante et verte, a traversé les ères. Il me faut dénicher un appeau lunaire, avant que l’astre n’attire en son aire, la créature disparue de notre orbite. Celui-ci doit être unique, car lorsque la lune sera pleine, il me faudra avoir de meilleures cartes en main, avant qu’elle ne s'abrite. Cette créature légendaire est devenue un mythe, et c’est derrière une barrière de mensonges, qu’elle a caché sa marmite. Chassée de son arbre magistral par une populace en colère, elle fût exilée de sa chaire pour avoir détourné les yeux, de celui qui l’en fit titulaire. Condamnée à être traquée, elle a fui au plus loin, par-delà nos contrées, là où aucun être vivant ne saurait la retrouver. Elle se cachait des fils de Dan[1] en violant notre astre, et son marbre tutélaire. En se retranchant sur la lune, elle a trouvé une  retraite à son dernier arbre, et elle s’y terre, depuis des millénaires. Elle s’enterre dans le sable d’or des météores, et depuis son château blanc, elle a mis en place un plan sanglant, afin de se venger de Dan.

Seul celui que je veux être, le Maître de ces lettres, peut l'appâter dans sa nouvelle retraite, et puisqu'elle n'a plus aucun être à sa tête, je réclame le droit de la capturer. Lecter, cette créature veut demeurer recluse, mais je le lui refuse, et j’ai décidé de la traquer. Elle ne pourra jamais plus se cacher.

Parce que la peau de mes ancêtres est semblable au calcaire, la mienne scintillera comme le feu solaire de notre père, et lorsque la bête verra ma crête, elle fera sûrement marche arrière. Elle aura peur que mon but, soit de la forcer à revenir sur terre. Je dois l'approcher, et j’ai en fardeau sur le dos, le poids de cette barrière. Je dois m’en débarrasser, laisser ma peau de sol sur ces pierres, car la seule façon de lui plaire, est de me présenter à la lune dévêtu de ma chair. En me voyant ainsi, elle ne me prendra ni à la légère, ni même à l'amer. Une fois sur la lune, je devrai être nu, afin de capturer celle qui a élu domicile en son clair.

Lecter, dans une prochaine lettre, vous saurez comment taire de la bonne manière, le chant de cette bête étrangère, mais venons-en tout d’abord, aux origines de ceux que vous appelez, « les mangeurs de chair ».

Mes yeux s’ouvrirent à l’alphabet des bancs scolaires, puis assez tôt, mes lectures d’enfant devinrent littéraires. Je lus de tout, car j’aimais tout lire et depuis bout de chou, les lettres constituèrent tout mon univers. Je n’avais rien en tête, puis ces lettres remplirent mon scalp à tue-tête, car lire était un atout. Je lisais même des tags et des murmures.

Aujourd’hui, un mur me suffirait comme lecture.

Enfant, mon regard s'est déposé trop tôt, sur de la littérature de guerre. Aujourd’hui j’en écris une similaire mais beaucoup plus douce, car j’aimerais donner à mon écriture, des airs d’Habemus, sans pour autant l’inscrire sur de la pierre.

 

« Se ta nou tout’[2] »

 

Mon père, Lecteur, était un être grand, plus imposant que vous et vos besoins d’imposer l’image du sang. Il avait une façon spéciale de raconter son histoire, en fabulant. En se perdant dans la cohérence de ses récits, il confondait père témoignant et père inventant, mais ils brillaient à toutes les tables, et devant tous les amis. Ils annonçaient à coups de cloche, sa terrible maladie en approche et après l'annonce de sa déchéance, j’ai tout enregistré, en voyant la rapidité de son avance. Sa façon propre d'enjoliver les histoires restera toujours vivante, attirante, car transmettre lui permettait d’imager son grand âge, et l’écouter me faisait vivre une myriade d’aventures, telles des odyssées de l’Iliade.

J’ai vécu l’épopée de mon père, à travers les récits de ses voyages et de ses idylles, bien avant que la médecine Sybille, ne décèle sa maladie. À chaque mot qui s’en échappait, mon oreille se dédiait à sa bouche pour en capturer l’harmonieuse mélodie. En répondant au rituel attrait de son appel, j’ai tout enregistré, et vous répandez un mensonge. Corrigeons cette fable qui vous entoure, afin d’inscrire dès le commencement de mes prochaines marges, le vrai du faux, propagé par vos tristes pages. Je dois transmettre à mon tour, avant que mon troubadour ne remplisse ma tour presque vide, de tout son sin ad vitam.

Vous comprendrez bientôt, Lecter, le déshonneur que vous propagez sur nous, en dévorant nos confrères. Je ne peux vous laisser propager votre enfer, car entendant vos claquements de dents, le monde ignorant a peur pour sa propre chair.

 Je m’engage à être votre correspondant, votre bourreau aux petites dents, jusqu’à ce que soit conclue cette affaire, car l’ensemble de tous vos boniments rendent de plus en plus bruyant, les sons de nos conques noires, et les appels battants de nos tambours de guerre.

 

D.


[1]Adam en créole

[2]Elle appartient à tous

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