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Encre Nocturne   

LES LETTRES EMPRISONNÉES ET LES LETTRES EMPOISONNÉES chapitre 2

f.louis.dorleans | Publié le dim 23 Déc 2018 - 10:52 | 739 Vues

                                                                                                                                                                            I.            PAROLE

 

 

 

Cher Lecteur,

 

J’ai entamé mon itinérance, et bientôt sur la lune en transhumance[1], je terminerai la traque qui entoure l’histoire de cet ange vert. En explorant les origines de mon père, j’ai rallumé le feu d’une guerre, car les dents de nos ancêtres n’étaient point aiguisées comme celles d’autres, et leur réputation a été fabriquée par les mines des vôtres.

Lecter, voici nos armoiries : nous sommes issus d’un peuple décimé, car il refusa de se soumettre aux prêtres étrangers. Notre foi était contraire à la leur, et ils voulurent nous forcer à les imiter. Chez nous, les choses se font dans le bon ordre, car le fouet ne précède ni ne suit la prière. Notre viande était plus coriace que celle de ces agneaux blancs, qui se laissent guider sagement par un berger, ne sachant pas que la main qui les guide, est la même qui veut les égorger. Cet animal-là était inconnu chez les Ti Dan[2]. Ceux qui l’ont amené l’utilisèrent pour donner une image à l’innocence et à la pureté. Ensuite, ils nous poussèrent à prier cette image, avant de nous inviter à la manger. Elle fut imposée sur nos terres afin d’accompagner des prières, comme cet animal parmi d’autres, le « serpent ». Nous ne le connaissions pas, et ce n’est qu’à leur arrivée, qu’il fût introduit sur nos terres. Même nos mangoustes restent révoltes, et elles luttent encore contre ces bêtes, qui furent importées pour piquer des pieds.

Le dieu de notre colonisateur n’est venu ni sur notre sol, ni dans nos cieux, car nous avons levé les yeux, et il a profité de nos nez pointés ailleurs, pour nous défigurer. Le dernier chef de notre île avait prophétisé la destruction de notre ancienne capitale. Les fils des Ti Dan ont réussi à y échapper, lors de petits exodes préventifs, qui précédèrent l’explosion de notre montagne sacrée.

Lecter, vous répéterez à ceux qui voulurent imposer leurs fardeaux de bois, et leurs statures de Saint-Pierre, que les enfants des Ti Dan n’ont jamais renoncé à défaire leurs vicaires, et lorsque je signerai ma dernière lettre, il sera trop tard pour tenter de lire en arrière.

L’Anathème est en chemin.

Comme des moutons, nous faisions partie des vôtres, puisque votre saigneur voulait être notre berger, et derrière ces barrières imposées par vos enclos, je décidai bientôt, de m’évader de cette école, que vous chérissez.

Car votre face y figure, et vous êtes un menteur.

Lecter, je vous raconterai notre véritable histoire, lors d’une prochaine rencontre épistolaire.

Sûr que peu vous importe comment débutera notre mémoire, ni quelles lettres vont vous l’exposer, l’aiguille de ma boussole a décidé de pointer son fer, sur l’origine de la force de feu, mon père.

 

C’est avec elle, que mon récit va commencer.

 

 

D.


[1]              Migration périodique

[2]              Fils de Dan/ Petites Dents

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