Réflexion énigmatique ; Vue d'un troll

J'ouvre les yeux, il fait sombre. Une minuscule lueur volante me chatouille les naseaux. Je fais un pas et le sol tremble. Une personne habillée de noir avec un drap violet sur la tête court devant-moi à toutes jambes. Je renifle et grogne, soulève ma grosse massue en bois et commence à avancer péniblement. De grandes lumières au loin attirent ma curiosité. Les couloirs sont immenses même pour un troll. Je continue quand soudain, l'individu s'engouffre dans une porte et je n'arrive plus à le suivre. Elle me bloque le passage.
Je fais tournoyer ma massue et tente de briser cette porte solide. Mais en vain, j'entends comme un couinement incompréhensible venant de l’humain en fuite : “Un troll ! Un trooollll ! Un troll dans les cachots !” Dépité, je retourne sur mes pas pour errer dans les couloirs. Ma massue racle le sol et je pèse mon poids sur les dalles. Où suis-je, quel genre de demeure est-ce là ? C'est si grand, à force d’errer, je ne trouve plus mon chemin. Il y a de temps en temps des torches, mais je me perds dans ce grand labyrinthe.

Mon errance m'entraîne à travers un couloir, j’entend des bruits venants dehors. Il doit pleuvoir des éclairs, cela produit un peu de lumière. Il y a devant moi une porte et ça sent l’enfant humain. J’adore l'odeur que ça dégage, rien que les effrayer est amusant. Je ne suis pas d’humeur violente, sauf si on m'irrite comme avec l‘espèce de feu-follet de tout à l’heure. Je jette un œil, c’est plus grand à l’intérieur et je peux passer. Il y a quelqu’un, au moins cela me fera de l’animation. Je vais lui coller une frousse, faire un peu de tapage et m’en aller. Je finirai bien par trouver la sortie dans ce labyrinthe presque sombre.
Je franchi le seuil et pousse un léger grognement vers l’humaine. Je crois bien que c’en est une. Elle recule dans la pièce vers une rangée de portes alignées. Ma massue à la main je la menace et la toise. L’humaine est petite, aux cheveux bouclée et vêtue d’un habit noir. Elle s’enferme, elle doit avoir peur c’est sûr. Mais ce n’est pas assez, je brandit ma massue et l’abat à travers la rangée. Les copeaux de bois volent, elle commence à crier. Puis, deux autres enfants arrivent. Encore quelques uns qui vont avoir une belle frayeur. Ils sont petits et vêtu de noir, un avec des cheveux bruns et l’autre roux. Je continus mon mouvement de destruction. Le bois craque tout seul, c’est fragile ces choses là.

J’entend sans comprendre des “au secours”. Puis, des débris me sont envoyés dans ma direction. Je m’en fiche au début, mais un “Eh gros balourd” provenant du brun et du rouquin, me perturbe. Je tourne la tête vers eux, je connais cette parole. Un bout de bois me heurte la tête, je perd un instant de vue l’humaine. Je me retourne et ignorant les garçons, mon attention reviens vers la “souris” qui s’est réfugiée sous d’étrange récipients.
Je brandis ma massue et frappe, la matière se brise sous le poids. Les cris et les “au secours” reprennent, j’aime ce son. Je délaisse les deux petits gêneurs. Je vais retaper quand on s'agrippe à ma massue pour m'arriver sur les épaules. Je n’ai pas tout suivis et pivote la tête de gauche à droite. Je le fais plusieurs fois, il ne veut pas tomber. Il émet des petits cris tout gesticulant.

D’un coup, il me fiche un objet fin dans la narine, ça fait mal. Je suis pris d’éternuements frénétiques. Je me tortille, tente de faire partir le problème. Puis, j’arrive enfin à l’attraper, ce petit brun, je le tient par un pied. Je suis maintenant tellement énervé que je ne prête plus attention au rouquin. Je laisse pendre ma victime au bout de mon bras et veux la cogner avec ma massue. Il tente de balbutier des paroles. Je grogne et refait mon manège.
Mon arme glisse de ma main, sur le coup je suis surpris. Je reste statique avec l’enfant toujours tenu. Je lève les yeux et vois ma massue flotter dans les airs. L'embout le plus gros me tombe sur le crâne et m'assomme. Inconsciemment, je lâche ma proie. Je titube et m’étale sur le sol avec encore le morceau de bois fiché dans le nez. Je ne bouge plus, je les entend discuter. On me retire l'objet qui me démange et puis plus rien. Tout est noir autour de moi, je ne sais plus où j’en suis. J’espère juste qu’à mon réveil, je trouverai la sortie du labyrinthe.