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 Éclosion, explosion

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Spangle

Spangle


Vierge Messages : 281
Date d'inscription : 30/03/2020
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MessageSujet: Éclosion, explosion   Éclosion, explosion EmptySam 1 Aoû 2020 - 20:52

AVERTISSEMENT : Ce texte aborde le thème de mes organes génitaux, d'un point de vue anatomique, social mais aussi sexuel. Cependant il n'est ni érotique ni pornographique, et peut tout à fait intéresser les adolescent·e·s. C'est à vous de voir !

Texte débuté lors du CC 3-86 et poursuivi par la suite.

Éclosion, explosion

                   genèse
        Dans le corps d’un embryon, les tissus qui deviendront les organes sexuels externes et les gonades sont tout d’abord indifférenciés. Puis sous l’influence d’hormones sexuelles, ceci se transforme en clitoris ou en pénis, cela en grandes lèvres ou en bourses, les gonades deviennent des ovaires ou des testicules. C’est seulement à ma naissance que ces organes furent identifiés chez moi comme femelles, et qu’on m’affubla au passage du genre féminin et des traditionnels petits chaussons roses tricotés par ma grand-tante.

        Comme il est d’usage dans notre société, ces organes disparurent de mon anatomie pour tout le monde. Les petites filles n’ont pas de sexe. Ma perception de mon corps s’arrêtait en bas de mon ventre, en haut de mes cuisses, les deux étant reliés par une surface de peau lisse comme l’est l’entrejambe des poupées. Le pipi sortait de nulle part, passant directement de ma vessie à l‘extérieur de mon corps.

                   premières investigations
         Cependant ces organes avaient une existence matérielle qui ne pouvait être passée sous silence indéfiniment. J’avais neuf ou dix ans et je m’ennuyais dans mon bain, quand il me vint l’idée d’entrouvrir la fente de mon jeune abricot. J’y trouvai diverses choses qui n’avaient pas encore de noms et se contentèrent de s’offrir à ma vue et à mon toucher. Je découvris une petite chose qu’on pouvait, en s’y prenant bien, faire saillir de sa cachette. Je me souviens l’avoir coiffée de l’extrémité d’un tube de caoutchouc qui traînait sur le bord de la baignoire, et d’avoir versé de l’eau à l’autre bout. Pour scientifiques qu’elles soient, mes investigations devaient avoir quelque odeur de souffre car je les abandonnai presque aussitôt et repris sans y réfléchir mon anatomie de poupée.

        Quelques années plus tard je découvris par hasard qu’un frottement de l’ongle à l’endroit où mon jean se tendait contre mon entrejambe y provoquait un délicieux chatouillis. Pouvant être surpris·e par quelqu’un, je réservai cette information pour le moment du coucher et, dans l’intimité de mes draps, j’appris rapidement à pratiquer la masturbation. J’étais plus intéressé·e par les sensations d’intensité moyenne que par l’orgasme, que je trouvais trop éprouvant et qui me causait des maux de tête.

                   règles
         Une partie des mots qui m’avaient été dérobés me fut restituée au collège, dans le cours de sciences naturelles. On nous parla de vagin, d’utérus, d’ovaires et de trompes de Fallope. Je ne crois pas que la vulve faisait partie de cet exposé, et le clitoris encore moins. L’urètre non plus, si bien que je continuai à faire pipi de manière surnaturelle et inquestionnée.

        J’appris aussi, moitié par ma mère, moitié en classe, qu’une révolution se préparait dans mon bas-ventre et qu’elle serait sanglante. Quelques temps plus tard mes culottes se teintèrent d’un noir marronnasse et, au bout de plusieurs jours de gêne et de questionnements, du rouge apparut à son tour. Je compris enfin, je descendis au salon avec ma culotte à la main et la montrai à ma mère, qui me serra dans ses bras. Il me fallut alors apprendre à dissimuler la chose, sous les rappels à l’ordre de femmes qui m’avertissaient d’une tache sur mes vêtements et me disaient que les garçons riaient de moi.

        Puis, lorsque j’eus des séances hebdomadaires de piscine, il me fallut maîtriser l’usage du tampon hygiénique. Ma mère m’avait présenté cette alternative aux serviettes comme une chose qu’elle-même n’avait jamais réussi à utiliser. Cependant il fallait bien que j’y arrive, puisque j’avais piscine. Je lus attentivement la notice et après plusieurs tentatives plus ou moins douloureuses, je réussis à introduire ce petit objet dans mon vagin et finalement à le pousser entièrement au-delà du vestibule. Comme les ailettes des serviettes avaient la manie de se coller désagréablement en haut de mes cuisses, j’adoptai les tampons avec soulagement.

                   clitoris
         Je crois que c’est mon petit ami qui m’a finalement appris ce mot magique : clitoris. Comme presque tous les hommes, il se targuait d’être l’un des rares hommes à s’en soucier, à savoir le trouver et le stimuler. En réalité il se l’accapara, au point de se sentir autorisé à le lécher alors que je dormais et ne souhaitais rien de tel. Devant sa fierté enfantine à l’idée de m’avoir fait plaisir, je ne sus que dire et pris acte, à contre-cœur, du fait qu’une telle chose pouvait se produire dans une relation de couple. À cet instant le ciel de nos vacances me parut moins bleu, mais qu’y pouvais-je ?

        Nous avions des relations sexuelles très classiques, qui m’étaient agréables au point de vue du contact de nos peaux, du poids de son corps sur le mien, mais ne me procuraient aucune sensation de plaisir. Celles-ci ne firent surface qu’une seule fois, au cours d’un baiser. Je fus étonné·e et ravi·e de sentir une douce chaleur se répandre entre mes jambes et réclamai avidement d’autres baisers. Malheureusement nous étions en public ; mon petit ami se trouva trop gêné de mon attitude pour satisfaire cette envie, qui ne se renouvela pas.

        Au petit ami suivant, je ressentis un net progrès dans les sensations que me procuraient nos rapports sexuels. Elles étaient moins intenses et moins systématiques que celles que j’obtenais seul·e, mais donnèrent tout de même plus d’intérêt à la pratique du coït.

                   périnée
         Quelques temps plus tard nous eûmes des rapports fécondants et, au terme de ma grossesse, j’eus la chance de vivre mon accouchement comme une expérience merveilleuse. Cependant j’avais séché les cours de préparation à l’accouchement et j’ignorais jusqu’à l’existence de mon périnée. Distendu, celui-ci se mit quelques années plus tard à ne plus remplir correctement son office et je devins légèrement incontinent·e. Par hasard, une kiné que j’avais consultée pour mon dos m’apprit que je pouvais suivre une rééducation périnéale.

        La consœur qu’elle m’envoya consulter me fit découvrir la possibilité d’actionner volontairement le muscle qui maintenait la vessie fermée. Mais trouvant mes efforts insuffisants, elle m’introduisit dans le vagin un objet métallique et oblong, destiné à stimuler ledit muscle par des impulsions électriques. Elle m’abandonna en cet appareillage pour aller voir un autre patient, ne revenant que sporadiquement. La contraction involontaire du muscle était fort désagréable, mais je me soumis docilement à ce traitement pendant une ou deux séances.

        Un jour que je me trouvais harnaché·e de la sorte, cette sensation se révéla franchement douloureuse. Hélas, point de kiné à qui le signaler puisque celle-ci s’était de nouveau enfuie vers une autre pièce afin de multiplier les patients. Elle finit par revenir et me trouva en larmes. Loin de s’excuser ou de chercher à me réconforter, elle marmonna quelque chose à propos d’avoir réglé son appareil trop fort, en ajusta l’intensité et repartit. Après cette séance traumatisante, j’abandonnai  la rééducation et me résignai à subir de temps à autre des fuites urinaires, lorsque j’éternuais ou toussais un peu trop vigoureusement.

                   éjaculation
         Vers mes trente ans, ma vie sexuelle fit un énorme bond en avant. Je commençai à travailler comme escort-girl et j’eus le loisir de me frotter à un grand nombre de partenaires. Leurs compétences étaient diverses, mais certains furent de très bons amants. C’est à l’habileté de l’un d’eux que je dus mes premiers orgasmes en série, et c’est auprès d’un autre que j’eus ma première éjaculation.

        En réalité, les personnes de mon anatomie éjaculent toutes, mais comme l’arrivée de l’éjaculation se couple avec la sensation de faire pipi, elles ont inconsciemment le réflexe de contracter le périnée et l’éjaculat termine sa course dans la vessie. Pour que l’éjaculation se fasse librement, il faut une première fois, et les conditions de cette première fois se trouvèrent réunies lorsque je pratiquai avec ce client la masturbation mutuelle. J’avais conscience que ce qu’il me faisait était très agréable, mais j’étais concentré·e sur ma propre activité, menée dans une position peu commode. C’est alors que le fameux liquide s’écoula de mon sexe sur la moquette des locaux de son travail, le lieu qu’il avait choisi pour notre rencontre.

        À partir de ce soir-là, je commençai à éjaculer de manière systématique. Ma première réaction fut enthousiaste. Je me fis même filmer par un amant pour mieux voir comment le liquide sortait. Mais rapidement, je fus excédé·e de faire dans le lit de grandes flaques à l’embarrassante odeur d’urine. Je me pris à souhaiter ne plus éjaculer, et c’est ce qui arriva. Cependant je regrettai mon souhait presque aussitôt, et fus exaucé·e une seconde fois par mon corps indulgent : les éjaculations recommencèrent. Je pris mon parti des flaques et adoptai l’habitude d’étaler sur le lit une grande serviette de bain pliée en quatre, qui ne suffisait pas à tout absorber mais limitait la zone mouillée, de sorte qu’il était ensuite possible de ne pas dormir dessus (changer les draps était inutile car le matelas lui-même était mouillé).

        Une chose intéressante à noter est que ces éjaculations ne correspondent pas à mes orgasmes. Elles peuvent les précéder de beaucoup, comme ne pas se produire au moment même. Je me suis laissé·e dire qu’il en est de même pour les éjaculations dites masculines, même si elles sont plus généralement coordonnées avec l’orgasme. L’éjaculation en elle-même est une sensation agréable, un peu excitante. Cependant l’éjaculat ayant la fluidité de l’eau, mon sexe se trouve ensuite débarrassé de tout lubrifiant, ce qui peut être ennuyeux selon la nature de mes activités.

        Avec le temps, j’appris à connaître et à contrôler mes éjaculations. Je constatai d’abord qu’une fois la machine en route, celles-ci pouvaient se multiplier et devenir de plus en plus abondantes, au point que je me demandais d’où mon corps sortait autant de liquide (une nuit, j’en arrivai à détremper les deux tiers de la surface d’un matelas deux places). Puis je parvins plus ou moins à me retenir d’éjaculer, au prix d’une certaine frustration puisque cela impliquait de laisser quelques instants de côté le plaisir des sensations qui me traversaient.

        J’appris aussi que, si je m’étais tout d’abord retenu·e, il devenait ensuite presque impossible d’éjaculer. De même, si pendant une période je me retenais régulièrement, mes éjaculations mettaient ensuite quelques temps à revenir, tandis que si je leur laissais libre cours, elles devenaient au contraire précoces, nombreuses et fort impétueuses.

                   testostérone
        À peu près à la même époque, je pris conscience que mon sentiment d’inadéquation avec le genre féminin pouvait s’exprimer sous la dénomination de « dysphorie de genre », et que je me sentais bien plus en accord avec le genre neutre qu’avec cette identité féminine que la société avait plaquée sur moi. Je fis ainsi mon entrée dans la grande famille des personnes transgenres.

        C’est seulement dix ans plus tard, à l’occasion d’une relation amoureuse avec une femme trans, que je pris la décision d’entamer un traitement hormonal à base de testostérone. Il me fallut alors presque un an pour obtenir l’accès à ces fameuses injections, année que je passai à griller d’impatience. Finalement je pus tendre mes fesses à un infirmier, reçus ma première injection intramusculaire, et ma seconde puberté commença.

        La testostérone est présente chez tous les individus à partir de la puberté. Seuls les taux diffèrent, répartis selon une courbe à deux bosses dans laquelle femmes et hommes ne sont pas tout à fait séparés : certaines femmes cisgenres ont plus de testostérone que certains hommes cisgenres. Pour ce qui est de moi, j’avais un taux de testostérone typiquement féminin. Les injections ont donc créé dans mon corps un bouleversement hormonal assez semblable à celui que produit la puberté dans le corps des adolescents mâles.

        Je passai les premiers mois à observer mon menton dans la glace et à exhiber avec enthousiasme mes tous premiers poils de barbe. C’est seulement au bout de quelques temps qu’il me vint à l’esprit d’examiner mon clitoris. Je sautai de joie : il avait très nettement épaissi et un petit peu grandi. Il était en train de devenir ce que l’on appelle un dicklit, organe qui n’existe pas chez les personnes cis et dyadiques, étant généré uniquement par la succession d’une embryogenèse femelle puis d’une puberté mâle.

        Malheureusement, en grossissant mon dicklit n’a pas gagné de terminaisons nerveuses. Celles-ci se sont donc réparties sur une plus large surface, et sa sensibilité a diminué pour se rapprocher de celle d’un gland de pénis. Son extrémité a également changé de place (elle se situe plus haut qu’avant) et j’ai donc dû réapprendre à me masturber, l’intervalle de cette acquisition ayant été une période de frustration certaine. Malgré tout, je me réjouis des transformations de mon corps et de ses aventures à venir !

Mon récit a atteint le moment présent, la suite reste encore à vivre. J’espère que ce petit texte vous aura distrait·e·s, et peut-être apporté quelque éclairage sur l’un ou l’autre des points abordés. Voici quelques conseils pour la route : vivez ce qui vous attire, quoi que ce puisse être. Écoutez vos envies plutôt que vos peurs, et ne vous mettez qu’un seul frein : celui de toujours respecter les désirs et les refus de vos partenaires. Que vous les compreniez ou non, acceptez que les choix d’autrui puissent être différents des vôtres. Et surtout : amusez-vous bien ! On ne vit qu’une fois…


Dernière édition par Spangle le Mar 4 Aoû 2020 - 21:16, édité 1 fois

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MessageSujet: Re: Éclosion, explosion   Éclosion, explosion EmptySam 1 Aoû 2020 - 21:23

coucou!
je viens de lire... Merci, j'ai appris des trucs  Wink  c'est joliment raconté je trouve, aucune vulgarité. C'est agréable à lire. Je me sens moins gênée que l'autre fois pour commenter. Merci de nous partager tes expériences
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MessageSujet: Re: Éclosion, explosion   Éclosion, explosion EmptySam 1 Aoû 2020 - 21:26

C'est gentil ! Parfois ça me déçoit de ne pas trouver d'inspiration dans la fiction et de toujours me rabattre sur des textes autobiographiques, mais j'essaye au moins d'en faire quelque chose d'intéressant. En particulier j'aime bien parler de mon expérience du travail du sexe ou de la transidentité, car ce sont des sujets peu ou mal connus.
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MessageSujet: Re: Éclosion, explosion   Éclosion, explosion EmptyJeu 6 Aoû 2020 - 14:53

Hey,
Ceci est un retour de la conversation que nous avons eu sur ce texte mardi dernier, à l’occasion du MAC.

Tout d’abord, je tiens encore à te féliciter : ce genre de témoignage est trop rare sur internet, et tu évoque avec simplicité des sujets peu évoqués. On sent un vrai sujet pédagogique qui nous fait continuer la lecture. De plus, il se dégage une vraie délicatesse du texte, au point qu’il pourrait être lu par des adolescents sans problèmes – (admin chiant on) même si le thème nous oblige à le passer en -18. (admin chiant off)

Il reste cependant des choses à améliorer. Tout d’abord le récit, quoique très bien structuré par les différentes parties, passe parfois trop vite sur certains évènements. C’est sans doute dû à ton choix de narration, très extérieur, qui donne l’impression d’analyser les évènements vingt ans plus tard, sans pour autant « plonger » au cœur du récit. L’idéal serait que chaque partie puisse marcher de manière indépendante, avec à chaque fois un petit climax. En ce sens, je t’ai conseillé de voir Nymphomaniac de Lars Von Trier, qui fonctionne lui aussi par chapitre raconté par un narrateur plus âgé.

Ecrire des scène, cela veut dire les ré-imaginer, ce qui est une décision pas anodine quand il s’agit d’évènement réels. Cependant, je pense que l’on peut accepter une part de fiction dans ce genre d’écrit, d’autant si l’esprit de la scène reste fidèle. Après tout, il n’y a rien de plus mouvant qu’un souvenir. Peut-être cependant faudra-t-il prévenir les protagonistes de ton récit, mais au final, le choix t’appartiens.

Voilà. En conclusion, tu m’as avoué que ton texte risquait de doubler, voir quadrupler en taille. Je pense que ce serait effectivement une bonne chose, que j’attendrai avec impatience.
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Vierge Messages : 281
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MessageSujet: Re: Éclosion, explosion   Éclosion, explosion EmptyJeu 6 Aoû 2020 - 19:20

Encore merci pour tes conseils ! Je pense me remettre dessus la semaine prochaine.
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Sagittaire Messages : 20
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MessageSujet: Re: Éclosion, explosion   Éclosion, explosion EmptyVen 7 Aoû 2020 - 17:56

coucou,

c'est un super texte. pas de vulgarité, pas de cachoterie... rien. tu as mis les "tabous" aux rebus avec une simplicité déconcertante, et le tout avec une classe' internationale.

je pense très sincèrement que ton texte peut aider plus d'une jeune fille en quête d’authenticité sensitive. Et ce peu importe son attirance.
C'est la meilleure chronologie morpho- philosophique que j'ai lue sur le sujet. Un chat c'est un chat et c'est super mignon un chaton :)

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Vierge Messages : 281
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MessageSujet: Re: Éclosion, explosion   Éclosion, explosion EmptyVen 7 Aoû 2020 - 20:28

Merci ! Je suis plutôt content·e de ce texte et le MAC m'a donné envie de l'étoffer encore.
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MessageSujet: Re: Éclosion, explosion   Éclosion, explosion EmptySam 29 Aoû 2020 - 3:32

Et voiciiii... la tantattenduuue... V2 ! J'ai augmenté la taille de la première version d'environ 50% et je suis assez satisfait·e du résultat. Vous pouvez la lire ci-dessous ou me demander de vous envoyer le pdf avec une jolie MEF, une illustration et des notes de bas de page en prime.

Si vous me faites des retours (oh oui, des retours !) j'aimerais savoir :
- votre impression générale
- si il y a des passages pas clairs
- si vous auriez voulu que je développe plus certains points
- et si il reste des fautes, coquilles, répétitions etc
Merci d'avance pour vos sages avis !

Avertissement : Cette brochure aborde le thème de mes organes génitaux d'un point de vue anatomique, social mais aussi sexuel. Cependant elle n'est ni érotique, ni pornographique, et peut tout à fait intéresser les adolescent·es. C'est à vous de voir !

Trigger Warning : En outre, le texte contient le récit d'une violence sexuelle et d'une violence médicale, respectivement dans les parties 4. rapports sexuels et 5. périnée, que vous pouvez sauter si vous préférez.

Éclosion, explosion
une biographie de mon sexe


1. genèse

Dans le corps d’un embryon, les tissus qui deviendront les organes sexuels sont tout d’abord indifférenciés. Puis sous l’influence d’hormones sexuelles, le tubercule génital se transforme en clitoris ou en pénis, les replis génitaux deviennent les petites lèvres ou se rejoignent pour former l’urètre pénien, les bourrelets labio-scrotaux forment les grandes lèvres ou se soudent pour constituer les bourses, et les gonades primitives deviennent des ovaires ou des testicules.

C’est seulement à ma naissance que ces organes furent identifiés chez moi comme femelles. On m’affubla alors du genre féminin et des traditionnels petits chaussons roses tricotés par ma grand-tante. Pour satisfaire l’officier d’état-civil, mes parents me donnèrent la version féminine du prénom qu’iels avaient choisi pour moi.

Comme il est d’usage dans notre société, ces organes disparurent de mon anatomie pour tout le monde. Les petites filles n’ont pas de sexe. Ma perception de mon corps s’arrêtait en bas de mon ventre, en haut de mes cuisses, les deux étant reliés par une surface de peau lisse comme l’est l’entrejambe des poupées. Le pipi sortait de nulle part, passant directement de ma vessie à l‘extérieur de mon corps.

2. premières investigations

Cependant ces organes avaient une existence matérielle qui ne pouvait être passée sous silence indéfiniment. J’avais neuf ou dix ans et je m’ennuyais dans mon bain, quand il me vint l’idée d’entrouvrir la fente de mon jeune abricot. J’y trouvai diverses choses qui n’avaient pas encore de noms et se contentèrent de s’offrir à ma vue et à mon toucher. Je découvris une petite chose qu’on pouvait, en s’y prenant bien, faire saillir de sa cachette. Je me souviens l’avoir coiffée de l’extrémité d’un tube de caoutchouc qui traînait sur le bord de la baignoire, et d’avoir versé de l’eau à l’autre bout. Pour scientifiques qu’elles soient, mes investigations devaient avoir quelque odeur de souffre car je les abandonnai presque aussitôt et repris sans y réfléchir mon anatomie de poupée.

Quelques années plus tard je découvris par hasard qu’un frottement de l’ongle à l’endroit où mon jean se tendait contre mon entrejambe y provoquait un délicieux chatouillis. Pouvant être surpris·e par quelqu’un, je réservai cette information pour le moment du coucher et, dans l’intimité de mes draps, j’appris rapidement à pratiquer la masturbation. J’étais plus intéressé·e par les sensations d’intensité moyenne que par l’orgasme, que je trouvais trop éprouvant et qui me causait des maux de tête.

Une partie des mots qui m’avaient été dérobés me fut restituée au collège, dans le cours de sciences naturelles. On nous parla de vagin, d’utérus, d’ovaires et de trompes de Fallope. Je ne crois pas que la vulve faisait partie de cet exposé, et le clitoris encore moins. L’urètre non plus, si bien que je continuai à faire pipi de manière surnaturelle et inquestionnée.

3. règles

J’appris aussi, moitié par ma mère, moitié en classe, qu’une révolution se préparait dans mon bas-ventre et qu’elle serait sanglante. Quelques temps plus tard mes culottes se teintèrent d’un noir marronnasse et, au bout de plusieurs jours de gêne et de questionnements, du rouge apparut à son tour. Je compris enfin, je descendis au salon avec ma culotte à la main et la montrai à ma mère, qui me serra dans ses bras.

La paroi de l’utérus, appelée l’endomètre, est une muqueuse capable de s’épaissir et de se gorger de sang pour accueillir un éventuel ovule fécondé. Quand le corps constate l’absence d’un tel œuf, la couche superficielle de la muqueuse se désagrège. Le sang et les débris de tissu s’écoulent alors par le vagin : ce sont les règles.

Dès lors, je fus vivement incité·e à taire et à dissimuler la chose. Dès que mon usage maladroit des serviettes causait une tache sur mes vêtements, un rappel à l’ordre m’était adressé. Il venait toujours d’une femme, et se présentait toujours comme destiné à m’éviter que les garçons rient de moi. Auraient-ils vraiment ri ?

Une fille de ma classe m’adressa un avertissement autrement plus utile en me racontant sa mésaventure à l’infirmerie : se plaignant de maux de tête, il lui avait été demandé si elle était « allergique à l’aspirine ». Comment aurait-elle pu deviner le lien entre cette question et ses règles ? Elle répondit que non, on lui donna de l’aspirine qui fluidifia son sang et elle fut pliée en deux par les maux de ventre.

Puis j’eus des séances hebdomadaires de piscine, et il me fallut maîtriser l’usage du tampon hygiénique. Une adulte m’avait présenté cette alternative aux serviettes comme une chose qu’elle-même n’avait jamais réussi à utiliser. Cependant il fallait bien que j’y arrive, puisque j’avais piscine. Je lus soigneusement la notice et après plusieurs tentatives plus ou moins douloureuses, je réussis à introduire cet objet dans mon vagin et finalement à le pousser entièrement au-delà du vestibule. Comme les ailettes des serviettes avaient la manie de se coller désagréablement en haut de mes cuisses, j’adoptai les tampons avec soulagement.

4. rapports sexuels

Le clitoris est un organe érectile très sensible, dédié au plaisir sexuel. Il mesure une dizaine de centimètres et s’étend de part et d’autre de l’entrée du vagin. Son gland est externe et se situe sur le haut de la vulve, entre le pubis et l’entrée du vagin.

Je crois que c’est mon petit ami qui m’a finalement appris ce mot magique : clitoris. Comme presque tous les hommes, il se targuait d’être l’un des rares hommes à s’en soucier, à savoir le trouver et le stimuler. En réalité il se l’accapara, au point de se sentir autorisé à le lécher alors que je dormais et ne souhaitais rien de tel. Devant sa fierté enfantine à l’idée de m’avoir fait plaisir, je ne sus que dire et pris acte, à contre-cœur, du fait qu’une telle chose pouvait se produire dans une relation de couple. À cet instant le ciel de nos vacances me parut moins bleu, mais qu’y pouvais-je ?

Le consentement sexuel est le fait d’accepter volontiers de partager une interaction sexuelle. Toute pratique non consentie est une agression sexuelle et/ou un viol. Un simple « oui » ne suffit pas à établir le consentement. Pour en être sûr·e, posez-vous (et posez à votre partenaire) la question : si j’étais dans la pièce d’à côté, est-ce que tu viendrais me chercher pour faire ceci ?

Nous avions des relations sexuelles très classiques, qui m’étaient agréables au point de vue du contact de nos peaux, du poids de son corps sur le mien, mais ne me procuraient aucune sensation de plaisir. Celles-ci ne firent surface qu’une seule fois, au cours d’un baiser. Je fus étonné·e et ravi·e de sentir une douce chaleur se répandre entre mes jambes et réclamai avidement d’autres baisers. Malheureusement nous étions en public ; mon petit ami se trouva trop gêné de mon attitude pour satisfaire cette envie, qui ne se renouvela pas.

Au petit ami suivant, je ressentis un net progrès dans les sensations que me procuraient nos rapports sexuels. Elles étaient moins intenses et moins systématiques que celles que j’obtenais seul·e, mais donnèrent tout de même plus d’intérêt à la chose.

5. périnée

Quelques temps plus tard nous eûmes des rapports fécondants et, au terme de ma grossesse, j’eus la chance de vivre mon accouchement comme une expérience merveilleuse. Cependant j’avais séché les cours de préparation à l’accouchement et j’ignorais jusqu’à l’existence de mon périnée.

Le périnée est un hamac de muscles entrecroisés qui constituent le fond du bassin et qui vont de l'os du pubis (à l’avant) au coccyx (à l’arrière). Il regroupe l'extrémité inférieure des voies digestive, urinaire et génitale, qu’il soutient, et assure la fermeture et l'ouverture de la vessie.

Distendu, celui-ci se mit quelques années plus tard à ne plus remplir correctement son office et je devins partiellement incontinent·e. Par hasard, une kiné que j’avais consultée pour mon dos m’apprit que je pouvais suivre une rééducation périnéale.

La consœur qu’elle m’envoya consulter me fit découvrir la possibilité d’actionner volontairement le muscle qui maintenait la vessie fermée. Mais trouvant mes efforts insuffisants, elle m’introduisit dans le vagin un objet métallique et oblong, destiné à stimuler ledit muscle par des impulsions électriques. Elle m’abandonna en cet appareillage pour aller voir un autre patient, ne revenant que sporadiquement. La contraction involontaire du muscle était désagréable, mais je me soumis docilement à ce traitement pendant une ou deux séances.

Un jour que je me trouvais harnaché·e de la sorte, cette sensation se révéla franchement douloureuse. Hélas, point de kiné à qui le signaler puisque celle-ci s’était de nouveau enfuie vers une autre pièce afin de multiplier les patients. Elle finit par revenir et me trouva en larmes. Loin de s’excuser ou de chercher à me réconforter, elle marmonna quelque chose à propos d’avoir réglé son appareil trop fort, en ajusta l’intensité et repartit.

Après cette séance traumatisante, j’abandonnai la rééducation et me résignai à subir de temps à autre des fuites urinaires, lorsque j’éternuais ou toussais un peu trop vigoureusement.

6. spéculum

Un spéculum est un instrument d’observation du vagin et du col de l’utérus qui se présente sous la forme d’une espèce de long bec de canard. On l’introduit dans le vagin, puis on en écarte les deux branches pour pouvoir regarder à l’intérieur.

Suite à diverses violences gynécologiques que je ne souhaite pas relater ici, j’avais développé une forte aversion pour cet instrument. J’ai été d’autant plus émerveillé·e lorsque j’ai entendu parler de la performance A Public Cervix Anouncement, d’Annie Sprinkle : après avoir donné au public une petite leçon d’anatomie, elle s’asseyait au bord de la scène, glissait un spéculum dans son vagin et invitait les spectateurs à venir regarder dedans !

Quelqu’un·e m’avait donné un spéculum pour le cas où je voudrais pratiquer l’auto-examen, et il est resté sur une étagère pendant plusieurs années. Mais les diverses formes d’encouragement que j’ai reçues de la part de féministes ont fini par me convaincre d’essayer, et j’ai découvert que ce qui me terrifiait, ce n’était pas le spéculum lui-même (pas beaucoup plus difficile à enfiler qu’un tampon, en fin de compte) mais la personne qui le maniait habituellement.

Armé·e de cet instrument, d’une lampe et d’un petit miroir, j’ai pu observer l’intérieur de mon vagin. C’est étroit (hors érection, les parois d’un vagin se touchent et il mesure environ 6cm), sombre et parfois visqueux, mais c’est aussi d’un joli rose nacré et tout au bout l’on trouve un petit museau rigolo : le col de l’utérus. J’en suis devenu·e un·e grand·e amoureuxe !

Le col de l’utérus se trouve au fond du vagin et constitue un étroit passage vers l’utérus : à certaines périodes du cycle, il est entièrement fermé ; il s’ouvre en période d’ovulation pour laisser passer d’éventuels spermatozoïdes, et en période de règles pour les laisser s’écouler. Sa forme évoque un petit donut presque fermé au centre ou un gland de pénis, et selon les périodes du cycle il peut être plus ou moins incliné vers le bas ou vers le côté.

7. éjaculation

Vers mes trente ans, ma vie sexuelle fit un énorme bond en avant. Je commençai à travailler comme escort et j’eus le loisir de me frotter à un grand nombre de partenaires. Leurs compétences étaient diverses, mais certains furent de très bons amants. C’est à l’habileté de l’un d’eux que je dus mes premiers orgasmes en série, et c’est auprès d’un autre que j’eus ma première éjaculation.

En réalité, tout le monde est en mesure d’éjaculer. Nos corps sont pourvus soit de vésicules séminales, soit de glandes de Skene, qui produisent un fluide destiné à être propulsé à l’extérieur sous l’effet de l’excitation sexuelle. Mais les personnes dotées de glandes de Skene s’en croient souvent incapables. Comme l’arrivée de l’éjaculation se couple avec la sensation de faire pipi, elles ont inconsciemment le réflexe de contracter le périnée et l’éjaculat termine sa course dans la vessie.

Pour que l’éjaculation se fasse librement, il faut une première fois, et les conditions de cette première fois se trouvèrent réunies lorsque je pratiquai avec ce client la masturbation mutuelle. J’avais conscience que ce qu’il me faisait était très agréable, mais j’étais concentré·e sur ma propre activité, menée dans une position peu commode. C’est alors que le fameux liquide s’écoula de mon sexe sur la moquette des locaux de son travail, le lieu qu’il avait choisi pour notre rencontre.

À partir de ce soir-là, je commençai à éjaculer de manière systématique. Ma première réaction fut enthousiaste. Je me fis même filmer par un amant pour mieux voir comment le liquide sortait. Mais rapidement, je fus excédé·e de faire dans le lit de grandes flaques à l’embarrassante odeur d’urine. Je me pris à souhaiter ne plus éjaculer, et c’est ce qui arriva. Cependant je regrettai mon souhait presque aussitôt, et fus exaucé·e une seconde fois par mon corps indulgent : les éjaculations recommencèrent. Je pris mon parti des flaques et adoptai l’habitude d’étaler sur le lit une grande serviette de bain pliée en quatre, qui ne suffisait pas à tout absorber mais limitait la zone mouillée, de sorte qu’il était ensuite possible de ne pas dormir dessus (changer les draps était inutile car le matelas lui-même était mouillé).

Une chose intéressante à noter est que ces éjaculations ne correspondent pas à mes orgasmes. Elles peuvent les précéder de beaucoup, comme ne pas se produire au moment même. Je me suis laissé·e dire qu’il en est de même pour les éjaculations dites masculines, même si elles sont plus généralement coordonnées avec l’orgasme. L’éjaculation en elle-même est une sensation agréable, un peu excitante. Cependant l’éjaculat ayant la fluidité de l’eau, mon sexe se trouve ensuite débarrassé de tout lubrifiant, ce qui peut être ennuyeux selon la nature de mes activités.

Avec le temps, j’appris à connaître et à contrôler mes éjaculations. Je constatai d’abord qu’une fois la machine en route, celles-ci pouvaient se multiplier et devenir de plus en plus abondantes, au point que je me demandais d’où mon corps sortait autant de liquide (une nuit, j’en arrivai à détremper les deux tiers de la surface d’un matelas deux places). Puis je parvins plus ou moins à me retenir d’éjaculer, au prix d’une certaine frustration puisque cela impliquait de laisser quelques instants de côté le plaisir des sensations qui me traversaient.

J’appris aussi que, si je m’étais tout d’abord retenu·e, il devenait ensuite presque impossible d’éjaculer. De même, si pendant une période je me retenais régulièrement, mes éjaculations mettaient ensuite quelques temps à revenir, tandis que si je leur laissais libre cours, elles devenaient au contraire précoces, nombreuses et fort impétueuses.

8. féminité

J’étais donc une mère, une pute et ce que l’on nomme une femme-fontaine : trois avatars de « la Femme » capables de générer une énorme aura de féminité. Mais à l’intérieur je doutais, depuis l’enfance et plus que jamais, de mon appartenance à cette catégorie. Je la trouvais même d’autant plus douteuse que j’en produisais une image plus évidente.

C’est à cette époque que je pris conscience que mon sentiment d’inadéquation avec le genre féminin pouvait s’exprimer sous la dénomination de « dysphorie de genre », et que je me sentais bien plus en accord avec le genre neutre qu’avec cette identité féminine que la société avait plaquée sur moi. Je fis ainsi mon entrée dans la grande famille des personnes transgenres.

Une personne de genre non-binaire est une personne dont le genre ressenti n’est ni le féminin, ni le masculin. Iel peut s’identifier comme partiellement l’un ou l’autre, ou les deux, mais aussi comme d’un genre n’ayant rien à voir avec le féminin ou le masculin. Iel peut souhaiter qu’on parle d’iel au féminin, au masculin, alternativement l’un et l’autre, ou au neutre, et qu’on emploie un pronom tel que elle, il, iel, yel, ille, ol, ul, al, ael ou encore autre chose. Respectez ces choix, tout comme on respecte votre propre genre ressenti.

9. testostérone

C’est seulement dix ans plus tard que je pris la décision d’entamer un traitement hormonal à base de testostérone. Il me fallut alors presque un an pour obtenir l’accès à ces fameuses injections, année que je passai à griller d’impatience. Finalement je pus tendre mes fesses à un infirmier, reçus ma première injection intramusculaire, et ma seconde puberté commença.

La testostérone est présente chez tous les individus et à tout âge. Seuls les taux diffèrent, répartis chez les adultes selon une courbe à deux bosses dans laquelle femmes et hommes ne sont pas tout à fait séparés : certaines femmes cisgenres ont plus de testostérone que certains hommes cisgenres.

L’arrivée à un certain taux de testostérone provoque dans le corps une puberté masculine, dont certains effets sont définitifs : mue de la voix et proéminence de la pomme d’Adam, pousse de la barbe et des poils, grossissement du pénis ou du clitoris, tandis que d’autres sont réversibles : répartition des graisses, tendance à la calvitie, ou transitoires : acné, bouffées de chaleur, troubles de l’humeur, pertes d’équilibre.


Je passai les premiers mois à observer mon menton dans la glace et à exhiber avec enthousiasme mes tous premiers poils de barbe. C’est seulement au bout de quelques temps qu’il me vint à l’esprit d’examiner mon clitoris. Je sautai de joie : il avait très nettement épaissi et un petit peu grandi. Il était en train de devenir ce que l’on appelle un dicklit, organe qui n’existe pas chez les personnes cis et dyadiques, étant généré uniquement par la succession d’une embryogenèse femelle puis d’une puberté mâle.

Malheureusement, en grossissant mon dicklit n’a pas gagné de terminaisons nerveuses. Celles-ci se sont donc réparties sur une plus large surface, et sa sensibilité a diminué pour se rapprocher de celle d’un gland de pénis. Son extrémité a également changé de place (elle se situe plus haut qu’avant) et j’ai donc dû réapprendre à me masturber, l’intervalle de cette acquisition ayant été une période de frustration certaine. Malgré tout, je me réjouis des transformations de mon corps et de ses aventures à venir !

Épilogue

Mon récit a atteint le moment présent, la suite reste encore à vivre…
J’atteins cette année l’âge de quarante-deux ans, âge au sujet duquel j’avais prédit il y a longtemps que je serais devenu·e une personne radicalement différente d’alors. Un alors où l’on pouvait me décrire comme une mince jeune femme hétéro un peu coincée exerçant une profession respectable.

Finalement tout cela a changé, volontairement ou malgré moi, par hasard ou avec une grande détermination. J’ai de la tendresse pour qui j’étais, mais je préfère la personne que je suis aujourd’hui (elle préférerait peut-être l’ancienne version, mais ça n’a plus d’importance).

J’aime mon corps plus que je ne l’ai jamais aimé, bien qu’il soit devenu gros et un peu laid, et bien qu’il commence à grincer d’un peu partout. Un enfant m’a demandé récemment si le bouton que j’avais près de l’oreille allait bientôt partir, et il était désolé quand je lui ai répondu que non. Ma verrue va pourtant si bien avec mon long chapeau pointu !
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