S'envoler (Fly away)
Il y a une brise légère, je le ressens sur mon torse-nu, mes poils se dressent. Il fait encore nuit et il n'y a presque pas un chat dans la ville. Je regarde l'horizon, ce n'est pas la première fois, mais ça fait toujours une drôle d'impression. S'envoler c'est bizarre pour un humain, même quand on en est capable depuis longtemps. C'est juste que ce n'est pas commun. Une voix dans ma tête a beau me répéter que je m'y ferai. N'empêche être comme moi à partager sa vie avec un esprit comme le sien n'est pas donné à tout le monde.
Tout est calme, trop, cependant, je prend sur moi, déploie mes ailes de dragon comparable à celle d'un chiroptère géant. Puis je m'élance du haut de l'immeuble. Près d'une vingtaine d'étage, un mauvais mouvement et c'est la mort assurée. Je reste un jeune homme après-tout. Je vole doucement et fait corps avec le vent. Les membranes griffant les quelques nuages, j'accélère et bat avec envergure.
C'est bon d'être soi-même et libre. Je n'ai pratiquement pas de barrière, juste ma vie et le fantôme d'un sage qui plane sur moi. Il veille, il est responsable de mon étrangeté, néanmoins c'est une bénédiction de voler ainsi sous la tutelle d'un Dragon. Je garde mes bras le long de mon corps, pas besoin de grands gestes pour faire comme les oiseaux et autres créatures aériennes. Si quelqu'un me voyait, iel penserait qu'il s'agit d'un rêve et non de la réalité. Les gens comme moi n'existent pour le commun que dans les légendes. Cela dit, elles ont toujours un trait de réalité et j'en suis la preuve.
Ça me prend souvent de briser les interdits et de ressentir le ciel, le souffle et l'air sur mes quelques écailles. Je bifurque à gauche et fait un petit looping, voler normalement n'est pas mon fort. Quand c'est trop tranquille comme aujourd'hui, je m'ennuie. Alors je fais des figures, qu'importe ce que dit l'ancien reptile. Je suis libre comme l'élément et à part mes limites humaines rien ne m'arrête. Je repense à ma condition et je voudrais bien donner un sens à tout cela. Il me dit que ça viendra, tout vient à point à qui sait attendre. Mais je suis impatient et lorsqu'un cri s'élève dans la nuit et la semi-pénombre, je fonce. J'irai au devant du danger, je ne crois pas au hasard, ni au destin, tout peut arriver et changer n'importe quand, rien n'est écrit…