Sujet: ChronoChallenge n°3 : lettre d'outre-tombe Sam 4 Juin 2016 - 21:30
Bienvenu à cette quatrième édition du chronochallenge, je suis ravi d'être votre hôte pour ce soir, vous allez écrire sur le thème de "Lettre d'outretombe", vous avez 1 heure pour exploiter ce thème au mieux soit jusqu'à 22h30.
Vous posterez vos créations dans ce sujet, bien sûr essayez de respecter le temps qui vous est imparti sinon et bien ce chronochallenge n'en est plus un.
Ensuite après avoir posté vos œuvres voilà le moment tant attendu : le vote ! Vous voterez dans un sujet dédié avec un sondage.
Pour voter c'est simple écrivez clairement dans les commentaires quel a été votre texte préféré, si possible avec une petite explication du pourquoi, vous n'êtes pas obligé de faire un pavé mais une ou deux lignes ce serait gentil.
Vous pourrez voter jusqu'à demain 21h00 date où le gagnant sera annoncé.
PS : Merci à Ragne pour ce thème, si vous aussi vous voulez proposer des thèmes envoyez les moi en mp.
Invité Invité
Sujet: Re: ChronoChallenge n°3 : lettre d'outre-tombe Sam 4 Juin 2016 - 21:57
Dragon Dae Reine des dragons
Messages : 270 Date d'inscription : 16/04/2016
Sujet: Re: ChronoChallenge n°3 : lettre d'outre-tombe Sam 4 Juin 2016 - 22:05
Chers humains,
Ceci est un GROS coup de gueule. Je vous préviens, je vais pas être tendre avec vous, mais je commence à en avoir plein le cul. Je suis pas le seul, d'ailleurs : vous allez sûrement recevoir pas mal de courrier. Ça vous apprendra à faire chier les morts au lieu de nous foutre la paix.
Arrêtez de vous servir de moi (ou de mon père, hein) pour justifier vos conneries. Je veux bien croire qu'après ma mort, mes disciples ont écrit tout et son contraire dans leur bouquin sur ma vie ; mais enfin y a deux lignes qui devraient être claires ! « Tu ne tueras point » et « aime ton prochain comme toi-même » ; qu'est-ce que vous ne comprenez pas là-dedans ? Personne n'a mis d'exception, que je sache. Je sais bien que Pierre, Paul et les autres étaient pas très brillants, mais même eux n'étaient pas cons au point de rajouter « sauf les noirs », ou « sauf les homosexuels » !
D'ailleurs, tant que j'y suis : que ce soit mon Père ou moi, on s'en fout complètement de ce que vous faites avec votre cul. Et quand je dis votre cul, c'est à prendre au sens large – je précise parce qu'avec les humains, apparemment, vaut mieux tout expliquer.
Dans une autre catégorie : que vous croyiez en nous ou pas, ça ne nous intéresse pas davantage. Pas plus que le nom que vous donnez à Père. Vous pouvez prier Allah, Dieu, ou Tartempion si ça vous chante, ça ne changera rien. En fait, à la limite ce serait mieux si vous arrêtiez de prier, parce que ni Lui ni moi n'allons vous aider en quoi que ce soit. Lui parce qu'il n'en a plus rien à foutre de vous (désolé de vous l'apprendre), et moi parce que... d'une, je suis mort. Ça commence à faire pas mal de temps, mais j'ai l'impression que certains croient encore que je vais revenir. Depuis le temps, vous avez toujours pas compris que quand on meurt, c'est pour de bon ?
Oui, je sais ; dans la Bible je reviens d'entre les morts. Mais ça c'est juste Jean qui avait trop d'imagination ! Sérieusement, j'ai été crucifié avec des clous et je me suis vidé de mon sang ; vous connaissez beaucoup de monde qui pourrait survivre à ça ? À moins d'avoir des pouvoirs magiques, et encore ?
Ça m'amène à la deuxième raison pour laquelle je ne risque pas d'aider qui que ce soit : j'étais juste le premier prestidigitateur du monde, vous savez. J'avais juste la chance d'avoir un public très crédule. La multiplication des pains ? Cachés dans ma manche, comme les colombes avec vos magiciens modernes ! L'eau changée en vin ? Un peu d'épices dans la coupe, et tout le monde y croit !
Donc sérieusement, foutez-nous la paix avec vos prières. Celui qui y peut quelque chose n'écoute pas, et celui qui écoute n'y peut rien. Démerdez-vous, un peu. Sur ce, je laisse la plume au prochain...
Jésus
Silenuse
Messages : 2240 Date d'inscription : 03/06/2015 Localisation : Derrière un pouet Humeur : pouet
Sujet: Re: ChronoChallenge n°3 : lettre d'outre-tombe Sam 4 Juin 2016 - 22:24
Elle était là. Juste devant lui. Un papier tacheté, noyé sous le vent et la pluie, sous le gris du soleil couchant qu’on voyait percer les nuages découverts. Un papier qui semblait gras et silencieux. Il était sur la tombe. Posé comme on pose une fleur devant un cercueil ouvert. Il tremblait. Des trous façonnaient la silhouette du vide, un vide obscur et glacial qui décorait la tombe d’un orgueil agacé. C’était une lettre horrible, peu importe ce qu’elle tenait à dire. Elle était infâme.
Lui ne la lirait pas. On entendait la pluie crépusculaire cingler sur son parapluie déchiré. Le parapluie était rose et blanc. Des lapins y gambadaient gaiement avant d’y voir les grimaces lacérées du parapluie grimées par le temps. Les lapins étaient désormais calmes. Ils pleuraient leur semblable disparu dans le déchirement du temps. Ils pleuraient, lentement, calmement… Ils étaient sages. Lui aussi était sage… Tranquillement planté sur les pavés du cimetière, il contemplait une lettre qui le fixait tristement. Il ne la lirait pas. Pourquoi ?
Pourquoi ne la lirais-tu pas, Max ? Tu veux des réponses, lis-les, elles sont devant toi. Je suis parti, je ne pouvais plus rester. Je t’ai laissé. C’est mieux ainsi. Lis cette lettre, lis-la. Et oublie-la. Je t’ai aimé Max. Je t’aimais… Oublie-moi désormais. Lis cette lettre, nourris-la d’oubli, je l’ai dressée en désespoir. Je n’en pouvais plus. Je suis parti de toi, Max. Et cette lettre est pour toi. Salut c'est moi le code à trouver.
relecture de Scrat:
couchent = couchant
Syta Fondatrice et grande manitou du forum
Messages : 1720 Date d'inscription : 17/07/2012 Localisation : En haut d'un arbre Humeur : Poétique
Sujet: Re: ChronoChallenge n°3 : lettre d'outre-tombe Sam 4 Juin 2016 - 22:29
Aujourd'hui, Julien allait recevoir son colis.
C'était un colis qu'il attendait depuis plusieurs semaines. Qui allait changer le sens même de sa vie. Julien attrapa son fedora et son paquet de cigare. « Ça te donne un air vif. » disait Camille. Il ouvrit la porte de la maison, et contempla l'entrée du domaine. C'était un splendide parc, à l'herbe fraîche, qui sentait la vie et le désir. Le postier devait arriver bientôt, s'exclama la montre. Julien trépignait d'impatience. Il ne faisait que se languir et se plaindre, comme si ce moment viendrait plus vite, attiré par les mugissements de l'ancien héritier de la maison de Cappel. Il tendit son bras vers le rebord d'une fenêtre et attrapa une bouteille de jus de fruit. Il retira le bouchon, arracha l'opercule d'un coup de dent et empoigna la boisson dans sa main droite. Puis vint enfin le postier. Tout semblait sortir d'un rêve. Tout était onirique, fébrile. Les couleurs se bousculaient, grossières et unies. Tout semblait vouloir se briser à la moindre secousse.
Il prit en ses mains le colis. C'était une boîte en métal assez lourde, qui faisait une petite vingtaine de centimètres de largeur. Il sonda doucement le dos, puis le couvercle de son nouveau trésor. Il effleura de son index la serrure, son trou et son mécanisme. Il fut parcouru d'un frisson d'excitation. Il leva la clé qui pendait autour de son cou, et la rentra délicatement dans le cadenas. Son cœur battait toujours plus fort. Enfin il allait savoir. Au fond du coffret, quelques longs cheveux bruns et une petite feuille de papier.
« Oh toi, ma douce, qu'est-ce que je serais heureux de te retrouver à nouveau, » lança-t-il dans le vide.
Il regarda à nouveau la lettre. Le tracé était si beau. Si fin. Les lettres étaient parfaitement agencés et semblaient danser quelque vivace valse entre elles.
Il rectifia quelques fautes, déposa une autre touffe de cheveux dans le coffre, et signa à nouveau. Camille allait ouvrir la boîte, puis la rendre au postier, comme chaque année. Et à chaque fois que Julien retrouvait cette boîte, il se rappelait. Il se rappelait du tracé exquis de ses propres lettres, il se rappelait de ses cheveux bruns qui semblaient si beaux sous son fedora.
Il se souvenait des promenades sous les saules. Il se remémorait la terrible chute dans le lac, les hurlements qui jaillissaient de son corps et de celui de sa moitié.
Oh, tout ça, Julien en avait besoin. Il ferma la boîte et la tendit au facteur. Bien que celui-ci n'eût plus aucune trace de la partie supérieure de son crâne, on voyait presque son regard pétillant, qui souhaitait courage et patience.
Julien se rappelait de sa femme, il l'imaginait, assise dans son salon, autour de sa nouvelle famille, à recevoir son colis annuel tout droit venu du royaume des morts.
relecture de Scrat:
Aujourd'hui, Julien allait recevoir son colis.
C'était un colis qu'il attendait depuis plusieurs semaines. Qui allait changer le sens même de sa vie. Julien attrapa son fedora et son paquet de cigare. « Ça te donne un air vif. » disait Camille. Il ouvrit la porte de la maison, et contempla l'entrée du domaine. C'était un splendide parc, à l'herbe fraîche, qui sentait la vie et le désir. Le postier devait arriver bientôt, s'exclama la montre. Julien trépignait d'impatience. Il ne faisait que se languir et se plaindre, comme si ce moment viendrait plus vite, attiré par les mugissements de l'ancien héritier de la maison de Cappel. Il tendit son bras vers le rebord d'une fenêtre et attrapa une bouteille de jus de fruit. Il retira le bouchon, arracha l'opercule d'un coup de dent et empoigna la boisson dans sa main droite. Puis vint enfin le postier. Tout semblait sortir d'un rêve. Tout était onirique, fébrile. Les couleurs se bousculaient, grossières et unies. Tout semblait vouloir se briser à la moindre secousse.
Il prit en ses mains le colis. C'était une boîte en métal assez lourde, qui faisait une petite vingtaine de centimètre de largeur. Il sonda doucement le dos, puis le couvercle de son nouveau trésor. Il effleura de son index la serrure, son trou et son mécanisme. Il fut parcourut d'un frisson d'excitation. Il leva la clé qui pendait autour de son cou, et la rentra délicatement dans le cadenas. Son cœur battait toujours plus fort. Enfin il allait savoir. Au fond du coffret, quelques longs cheveux bruns et une petite feuille de papier.
« - Oh toi, ma douce, qu'est-ce que je serais heureux de te retrouver à nouveau. » lança t'il dans le vide.
Il regarda à nouveau la lettre. Le tracé était si beau. Si fin. Les lettres étaient parfaitement agencés et semblaient danser quelque vivace valse entre elles.
Il rectifia quelques fautes, déposa une autre touffe de cheveux dans le coffre, et signa à nouveau. Camille allait ouvrir la boîte, puis la rendre au postier, comme chaque année. Et à chaque fois que Julien retrouvait cette boîte, il se rappellait. Il se rappellait du tracé exquis de ses propres lettres, il se rappelait de ses cheveux bruns qui semblaient si beaux sous son fedora.
Il se souvenait des promenades sous les saules. Il se remémorait la terrible chute dans le lac, les hurlements qui jaillissaient de son corps et de celui de sa moitié.
Oh, tout ça, Julien en avait besoin. Il ferma la boîte et la tendit au facteur. Bien que celui-ci n'eût plus aucune trace de la partie supérieur de son crâne, on voyait presque son regard pétillant, qui souhaitait courage et patience.
Julien se rappelait de sa femme, il l'imaginait, assise dans son salon, autour de sa nouvelle famille, à recevoir son colis annuel tout droit venu du royaume des morts.
helio
Messages : 167 Date d'inscription : 04/04/2016
Sujet: Re: ChronoChallenge n°3 : lettre d'outre-tombe Sam 4 Juin 2016 - 22:30
Désolé pour les fautes et tout mais j'étais à la bourre et j'ai pas eu le temps de relire.
Elodie , ma fille, mon soleil, ma joie,
A présent que je suis dans les ténèbres de la tombe, j’imagine tes yeux pleins de larmes, mais je ne suis pas là pour les essuyer. Bien des questions doivent te venir à l’esprit ; comment ? pourquoi ? J’aimerais avoir vécu plus de temps pour voir la femme que tu deviendras et dans mes vieux jours, allongés sur un lit d’hôpital et rendant mon dernier souffle, admirer une dernière fois ton sourire plein de compassion et d’amour. Mais la providence me refusa ce plaisir.
Il doit t’être difficile de lire ces quelques mots, mais il faut qu’avant que je ne périsse totalement tu connaisses la vérité. Ce n’est pas la lettre d’un suicidé que tu lis, ni mes dernières volontés. C’est la lettre d’un homme coupable d’un crime si odieux, si horrible, qu’il ne put se résoudre à quitter ce monde sans le confesser. Je t’en conjure ma petite fille, ne me juge pas trop sévèrement, et prie pour mon âme depuis longtemps damnée.
Comme tu le sais, la maladie qui m’emporta s’est déclarée il y a trois mois, peu après que nous fîmes la rencontre de M. Henry Zimmermann. Un honnête homme d’affaires qui fit fortune en Inde. Et je suis sûr que tu n’as pas oublié le sort tragique qu’il subit un soir de forte pluie. Alors que nous marchions le pas pressé pour rentrer à l’hôtel. Il fit une chute et se brisa le crâne sur un rocher. Ce grand et robuste jeune homme, faire une chute ! Se fracasser le crâne ! Et dire que la police m’a cru ! Non ma fille ! il n’a pas fait de chute, je l’ai poussé. Il ne s’est pas écrasé contre un rocher, je lui ai écrasé la tête contre un rocher. Encore une fois ne me juge pas. Tu comprendrais si tu savais l’état dans lequel je me retrouvais.
Je t’ai déjà raconté que, dans ma jeunesse, j’avais vécu en inde. Sache que dans ce pays, il fallait être féroce pour se faire une place et gagner sa vie. Je m’étais associé à un Anglais du nom de Redford, un brave homme, et travailleur. Nous passâmes une année entière à creuser dans une concession de diamants qu’on avait acheté à bon prix. Pendant cette année, le filon fut mauvais et nous survivions à peine. Redford s’était marié à une ravissante Indienne. Il eut un premier fils et sa femme attendait le second lorsque que le drame se produisit.
Un jour alors que nous creusions dans la chaleur étouffante et suante, nous trouvâmes un filon. Quelle ne fut pas notre joie ! Nous allions devenir riches ! Mais à peine allions-nous sortir que le tunnel s’écroulât. Nous n’étions pas loin de la sortie, mais Redford, s’était coincé la jambe sous un rocher. Je voulut l’aider, mais au bout de quelques tentatives je le laissai à son sort car je craignais que le tunnel s’effondrât entièrement. Lorsque je sortis mes craintes s’étaient justifiées et mon brave associer avait péri.
Encore, ce crime de lâcheté est pardonnable. Toutefois, plein d’ambition je dissimulais à sa femme le filon. J’étais, je l’avoue, devenu un être avide de richesses. Cependant elle ne tarda pas à découvrir ma situation et l’existence de ce filon. Elle me réclama sa part, invoqua la mémoire de son défunt mari et de ses enfants. Un soir, comme elle venait encore réclamer son dû, je m’emportai et, dans l’excès de ma rage, pris le premier objet que ma main put saisir et portai un coup fort sur la tempe de cette femme. Et cette Indienne, et son enfant à naître, moururent sous mon regard froid comme celui d’un lion.
Je pris toutes mes richesses et quitter le pays le soir même. La vie qui s’ensuivit fut pleine de remords. Je me mariai, fondis une famille, et tentai de me racheter de mon crime en faisant des bonnes actions.
Quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre que ce Henry Zimmerman était le premier fils de Redford, qui avait décidé depuis son enfance de venger son père et sa mère. Ce soir-là il m’avoua tout. Qu’il allait me tuer, et TE tuer. Crois-le où non mon enfant je lui ai offert ma vie et je l’ai supplié de t’épargner. Mais il n’a rien voulu entendre. Nous luttâmes et je finis par avoir le dessus.
Après que les policiers conclurent à un accident, j’en devins malade de remords. Revoir son fils dans lequel je retrouvais les traits de son père et de sa mère me rongea le cœur. Je finis par devenir si faible que je sentis mon corps mourir. Je ne doute plus de ma fin. Elle approche.
Je ne te demande pas de comprendre, mais seulement d’avoir pitié de ton père. Car si tu ne ressens plus pas de pitié, alors mon âme ne pourra reposer en paix et mes crimes continueront à me hanter même dans la tombe.
Ton père, qui t’aimera toujours.
relecture de Scrat:
Désolé pour les fautes et tout mais j'étais à la bourre et j'ai pas eu le temps de relire.
Elodie , ma fille, mon soleil, ma joie,
A présent que je suis dans les ténèbres de la tombe, j’imagine tes yeux pleins de larmes, mais je ne suis pas là pour les essuyer. Bien des questions doivent te venir à l’esprit ; comment ? pourquoi ? J’aimerais avoir vécu plus de temps pour voir la femme que tu deviendras et dans mes vieux jours, allongés sur un lit d’hôpital et rendant mon dernier souffle, admirer une dernière fois ton sourire plein de compassion et d’amour. Mais la providence me refusa ce plaisir.
Il doit t’être difficile de lire ces quelques mots, mais il faut qu’avant que je ne périsse totalement tu connaisses la vérité. Ce n’est pas la lettre d’un suicidé que tu lis, ni mes dernières volontés. C’est la lettre d’un homme coupable d’un crime si odieux, si horrible, qu’il ne put se résoudre à quitter ce monde sans le confesser. Je t’en conjure ma petite fille, ne me juge pas trop sévèrement, et prie pour mon âme depuis longtemps damnés.
Comme tu le sais, la maladie qui m’emporta s’est déclarée il y a trois mois, peu après que nous fîmes la rencontre de M. Henry Zimmermann. Un honnête homme d’affaire qui fit fortune en inde. Et je suis sûr que tu n’as pas oublié le sort tragique qu’il subit un soir de forte pluie. Alors que nous marchions le pas pressé pour rentrer à l’hôtel. Il fit une chute et se brisa le crâne sur un rocher. Ce grand et robuste jeune homme, faire une chute ! Se fracasser le crâne ! Et dire que la police m’a cru ! Non ma fille ! il n’a pas fait de chute, je l’ai pousser. Il ne s’est pas écraser contre un rocher, je lui aie écrasé la tête contre un rocher. Encore une fois ne me juge pas. Tu comprendrais si tu savais l’état dans lequel je me retrouvais.
Je t’ai déjà raconté que dans ma jeunesse, j’avais vécu en inde. Sache que dans ce pays, il fallait être féroce pour se faire une place et gagner sa vie. Je m’étais associé à un anglais du nom de Redford, un brave homme et travailleur. Nous passâmes une année entière à creuser dans une concession de diamants qu’on avait achetés à bon prix. Pendant cette année, le filon fut mauvais et nous survivions à peine. Redford s’était marié à une ravissante indienne. Il eut un premier fils et sa femme attendait le second lorsque que le drame se produisit.
Un jour alors que nous creusions dans la chaleur étouffante et suante, nous trouvâmes un filon. Quel ne fût pas notre joie ! Nous allions devenir riches ! Mais à peine allions-nous sortir pour que le tunnel s’écroulât. Nous n’étions pas loin de la sortie, mais Redford, s’était coincé la jambe sous un rocher. Je voulu l’aider, mais au bout de quelque tentative je le laissais à son sort car je craignais que le tunnel s’effondra entièrement. Lorsque je suis sorti mes craintes s’étaient justifiées et mon brave associer périt.
Encore, ce crime de lâcheté est pardonnable. Toutefois, plein d’ambition je dissimuler à sa femme le filon. J’étais je l’avoue devenu un être avide de richesse. Cependant elle ne tarda pas à découvrir ma situation et l’existence de ce filon. Elle me réclama sa part, invoqua la mémoire de son défunt mari et de ses enfants. Un soir, comme elle venait encore réclamer son dû, jem’emportais et dans l’excès de ma rage pris le premier objet que ma main put saisir et porta un coup fort sur la tempe de cette femme. Et cette indienne, et son enfant à naître, moururent sous mon regard froid comme ceux d’un lion.
Je pris toutes mes richesses et quitter le pays le soir même. La vie qui s’ensuivit fut pleine de remord. Je me mariais, fondais une famille, et tenta de me racheter de mon crime en faisant des bonnes actions.
Quel ne fut pas ma surprise d’apprendre que ce henry Zimmerman était le premier fils de Redford, qui avait décidé depuis son enfance de venger son père et sa mère. Ce soir là il m’avoua tout. Qu’il allait me tuer, et TE tuer. Crois-le où non mon enfant je lui ai offert ma vie et je l’ai supplié de t’épargner. Mais il n’a rien voulu entendre. Nous luttâmes et je finis par avoir le dessus.
Après que les policier conclurent à un accident, j’en devins malade de remord. Revoir son fils dans lesquels je retrouvais les traits de son père et de sa mère me rongea le cœur. Je finis par devenir si faible que je sentis mon corps mourir. Je ne doute plus de ma fin. Elle proche.
Je ne te demande pas de comprendre, mais seulement d’avoir pitié de ton père. Car si tu ne ressens plus pas de pitié, alors mon âme ne pourra reposer en paix et mes crimes continueront à me hanter même dans la tombe.
Ton père, qui t’aimeras toujours.
Dernière édition par helio le Sam 4 Juin 2016 - 22:32, édité 1 fois
Invité Invité
Sujet: Re: ChronoChallenge n°3 : lettre d'outre-tombe Sam 4 Juin 2016 - 22:31
Je te regarde, tu sais, toi qui pleures sur ma tombe. Tu me fais pitié, tu as l'air... si faible. Tu es vieux maintenant. Je l'avais à peine remarqué, de mon vivant ! Est-ce que ma mort t'aurait fait pousser des cheveux blancs ? Je te regarde pleurer et tu sais, si j'étais n'importe qui je te croirais. En fait, je te crois. Je sais ta souffrance. C'est mon ultime revanche. En mourant, je t'ai privé de ta fille. L'être le plus cher à ton cœur, ton bien le plus précieux. Pleine d'avenir et de joie de vivre. Ta fille. Ton hochet. La lumière de ta vie, d'après ce que tu dis à tout le monde. Vraiment, on y croirait Papa, quand tu leur parles.
Quand je te regarde, je ne peux pas t'en vouloir. Tu m'aimais tellement... Et tu es si misérable aujourd'hui... En vérité, tu es deux personnes. Tu es un être terrifiant. Le papa que je vois ici est trop gentil, trop gentil pour être méchant. Et c'est probablement celui que tu resteras. Je me pose cette question en partant. Est-ce que je t'ai enlevé ta noirceur ? Est-ce que le monstre peut possiblement revenir, maintenant que l'objet est supprimé ? Ou est-ce que Mr. Hyde s'accrochera à un autre moyen de survivre... Une autre personne à détruire ? Un autre bonheur à dévorer de tes crocs ?
Je ne sais pas pourquoi je t'écris tout ça, tu sais. Pardonne-moi. Mais je te connais par cœur. Je sais exactement comment tu réagiras à chaque chose venue de l'extérieur, et c'est insupportable. Je t'ai observé. Tu ne réalises pas. Cette lettre va juste te détruire un peu plus, je le sais. Je l'écris parce que je ne me rends pas vraiment compte que tout cela est réel. En fait, plus rien n'est réel, depuis un moment, Papa. Et il me semble que c'est aussi de ta faute. Je ne peux plus rêver, quand j'arrive à dormir, et chaque réveil est épuisant. J'ai l'impression que je n'ai plus d'avenir. Excuse-moi d'être aussi franche avec toi, je sais que je suis égoïste, je le fais surtout pour moi... J'en ai besoin, et cette lettre, c'est la dernière occasion. J'ai essayé de te le dire en face, tu sais, mais tu évites toujours ces sujets-là.
Papa, je voulais te dire que je t'ai aimé et malgré toute la culpabilité, je t'aime encore. Je t'aime parce que tu es mon père, parce que tu te cachais dans l'armoire quand j'étais petite pour faire « Bouh ! », parce que tu cuisines bien les lasagnes et que tu as un humour terrible. Et je voulais te dire que tu n'aurais pas dû, tu n'aurais jamais dû, agir comme tu as fait. Je n'en ai jamais parlé à personne, si c'est ce qui t'inquiète, et ça restera entre nous pour toujours si c'est ton désir. Mais moi je le sais ! Est-ce que tu es seulement capable de comprendre ça ? Et ton humour ravageur ne me fait plus rire, parce que c'est un masque tellement sympathique, et je te déteste, je te déteste, je te déteste, je te déteste !!! AU REVOIR.
PS. Pardon si la feuille n'est pas présentable. Je sais, j'aurais pu faire un effort.
Cornedor Divine cerfette et ses lapins multicolores
Messages : 5120 Date d'inscription : 17/05/2014 Localisation : Endormie dans un terrier de lapins. Humeur : Lapinesque. (ça veut dire paisible et joyeuse)
Sujet: Re: ChronoChallenge n°3 : lettre d'outre-tombe Sam 4 Juin 2016 - 22:31
En fait vous avez tous fait des lettres d'amour, c'est flippant. Bon. Je l'ai écrit en 20 min, ayant eu du retard pour le défi
Petit monologue d'Outre-Tombe
Coucou.
Tu vas bien ?
Tu as toujours l'air d'aller bien quand je te vois passer, là, juste sur le petit chemin de terre.
Hein ?
Quel chemin de terre ?
Eh bien, celui qui borde le cimetière. Tu promènes ton chien à cet endroit tous les jours. D'ailleurs, soit dit en passant, il s'agit d'un petit roquet hargneux et tout pelé. Je n'ai jamais aimé les chiens. Si par malheur ils pénètrent dans l'enceinte, ils viennent tous me pisser dessus.
Mais bref, je ne voulais pas te parler de ton chien à la base.
Oui donc. Je disais ! Tu as toujours l'air d'aller bien. L'autre jour tu chantais en vociférant contre ce stupide chien. Faux, mais tu chantais quand même. Chanter en vociférant, je ne sais pas comment tu fais. C'était presque beau d'entendre la voix de quelqu'un résonner, résonner très fort, dans ce lieu où c'est toujours le silence qui prime.
Moi, le silence, il me tue.
Ça fait des dizaines d'années que je suis là, dans la terre humide et sombre, dans ce terreau glacial qui m'emprisonne, qui m'assiège. Même la caresse du soleil ne parvient pas à me réchauffer ; le sol est bien trop froid. Tu n'en reviendrais pas si tu savais comme il peut être froid…
Mais bref, je ne voulais pas non plus te parler du froid qu'il fait dans cette foutue nécropole.
J'aimerais bien en savoir plus sur toi. Je sais que tu aimes cet endroit parce que comme c'est le cimetière d'un tout petit village, il n'y a que trois pelés qui y sont enterrés, et seulement trois pelés qui viennent les voir une fois l'an. Du coup, tu peux tranquillement promener ton chien, et même venir t'y allonger quand l'air est doux et le soleil chaud. Oui, les gazons des cimetières sont toujours si bien entretenus… On se demande pourquoi, hein ? Les morts n'ont nul besoin de s'y reposer en mâchouillant un brin d'herbe comme tu le fais si souvent.
La mort ne t'effraie pas. Enfin, peut-être bien que la tienne t'effraie, cela je n'en sais rien. Mais les spectres, les squelettes, les cadavres en décomposition qui pourrissent juste à côté de toi quand tu dors tranquillement, un sourire béat aux lèvres et le chapeau sur les yeux… Ceux-là, non, ils ne te font pas peur. Tu es bien le seul qui vient se taper l'incruste parmi nous.
Mes voisines disent toujours que tu as quelque chose à prouver. Que tu viens défier la stèle hautaine de ta grand-mère, les vieux géraniums tout rabougris que tu aurais dû changer depuis un an, et surtout l'emprise mortuaire du cimetière. Elles en sont vraiment persuadées, les pauvres.
Moi, je sais bien que ce n'est pas ça qui t'intéresse. Les géraniums, ils peuvent bien crever s'ils veulent, ta grand-mère aussi. Toi, c'est pas la mort qui te fascine. C'est la vie. Tu viens là pour être peinard avec ton chienchien, loin du bruit du village et des vieux qui te regardent passer comme s'ils voyaient un éléphant à trois têtes. Tu viens là pour profiter du printemps, des cris des hirondelles, du froissement des herbes qui poussent, et du silence.
Ah, si tu savais comme je t'envie. Toi tu as le droit à la musique, cette chose merveilleuse. Et tu as le droit aux gens. Au brouhaha d'une famille un soir de fête, à la cacophonie d'un carrefour où les jeunes roulent avec la musique à fond et où klaxonnent les tracteurs déglingués.
Tu ne sais pas comme tu as de la chance… Tu viens ici pour fuir tout cela. Mais moi je me gorge à chaque fois de toute cette vie que je sens sur toi, incrustée sur ta peau, semée dans tes cheveux désordonnés, accrochée aux déchirures de ta veste et aux égratignures de tes bras.
Moi j'ai quoi ? Des voisines qui râlent en permanence, et quand elles ont la bonne idée de se taire, un silence de marbre – c'est le cas de le dire – seulement percé par les cris des oiseaux. Et j'ai des morts aux pieds. Voilà ma vie. Charmant non ?
Enfin. Tant que tu continueras à venir me faire coucou de temps en temps, moi je continuerai à péter la forme. Je t'adore. Tu n'oublies jamais de caresser ma peau de pierre avant de partir, l'air de dire : "Allez, ma vieille, à bientôt. Continue de veiller sur ma grand-mère."
T'inquiète.
Ta mémé, avec moi, elle risque pas de bouger. Je crois même qu'elle m'aime bien. Même si je pèse sur elle de tout mon poids de tombe.
Dernière édition par Cornedor le Sam 4 Juin 2016 - 22:37, édité 1 fois
Invité Invité
Sujet: Re: ChronoChallenge n°3 : lettre d'outre-tombe Sam 4 Juin 2016 - 22:32
Lettre d'outre-tombe
Parti pour toujours. Il est temps de. Se rappeler. De laisser le flot de. L'avant. Me submerger. L'avant. Ce long ruban. Ce long ruban ébréché par endroits, soyeux à d'autres. Il est beau. Il est laid. Il est là. Et. Voilà. Voilà tout. Tout ce que j'ai et tout ce qui est. Deux trois amours. Qu'ils durent jamais. Ils m'ont pourri de l'intérieur. Une poignée de décennies. Comptées en bougies sur des gâteaux insipides. Des amitiés, fussent-elles l'espoir naissant d'une vie meilleure, elles se sont éteintes comme toutes les autres flammes. Des malheurs. Pas trop. Bien sûr. Sinon. J'aurai le privilège de m'appeler. Héros. Tragique. Héros. Ténébreux. Héros. Souffrant en silence. Héros. Courageux de ses blessures. Mais mes blessures elles restent ancrées en moi et je peux pas m'en défaire. Elles m'ont rongé jusqu'à l'os. Chiennes affamées. Chaînes de fléau. Je suis rouillé et inutile. Je suis plus rien de toutes manières. Je suis plus qu'une pauvre miette. Qu'une mauviette. Qui s'est laissé prendre par le monde. De la même façon que le commun des mortels. Pas même en héros de la maladie. En survivant fantastique d'une épidémie quelconque. En patient que tous les médecins s'arrachent. Mon corps n'est même pas donné à la science. Pas que je sois contre. Non. Mais on n'en a jamais parlé. Alors tant pis. Je serai enterré. Comme les autres. Ouais. Même pas incinéré puis lancé dans le vent. Pas la poésie des cendres du fond d'un ruisseau. Pas de celles qu'on conserve dans une urne mystérieuse. Rien de tout cela. Juste un corps en décomposition sous une stèle de pierre. Pas gravée d'une épitaphe qui suggère tout un questionnement. Pas même l'ombre d'un doute qui ferait naître une désillusion de mon personnage au regard de mon entourage. Non. Rien de tout ça. Juste un nom gravé sur ma tombe. Le mien. Pas un de ces noms rocambolesques qui s'étendent de particules en particules. Pas un de ces noms exotiques qui laissent prétendre que celui qui gît là a fait bien du chemin. Pas un de ces noms marqués sous des initiales aux points béants, qui camouflent sûrement une identité masquée. Pas de ces noms qu'on a tous aux lèvres dans les conversations quotidiennes parce que cet homme est connu de tous. Rien. Rien que mon nom. Mon nom qui me correspond même pas. Que j'ai même pas choisi. Mon corps qu'on m'a balancé à la gueule le jour de ma naissance et que j'ai pas pu quitter depuis. Que j'ai même pas choisi. Sous une stèle grise. Que j'ai même pas choisie. Je suis plus rien. Et je n'ai jamais été rien. J'ai été rien par les autres. Voilà tout. Tout cela, ce long ruban de mon existence. Coupé net par les Parques. Même pas par moi. J'ai pas choisi. J'ai rien choisi. Et je subis encore. Ma mort.
relecture de Scrat:
Lettre d'outre-tombe
Parti pour toujours. Il est temps de. Se rappeler. De laisser le flot de. L'avant. Me submerger. L'avant. Ce long ruban. Ce long ruban ébréché par endroit, soyeux à d'autres. Il est beau. Il est laid. Il est là. Et. Voilà. Voilà tout. Tout ce que j'ai et tout ce qui est. Deux trois amours. Qu'ils durent jamais. Ils m'ont pourri de l'intérieur. Une poignée de décennies. Comptées en bougies sur des gâteaux insipides. Des amitiés, fussent elles l'espoir naissant d'une vie meilleur, elles se sont éteintes comme toutes les autres flammes. Des malheurs. Pas trop. Bien sûr. Sinon. J'aurai le privilège de m'appeler. Héro. Tragique. Héro. Ténébreux. Héro. Souffrant en silence. Héro. Courageux de ses blessures. Mais mes blessures elles restent ancrées en moi et je peux pas m'en défaire. Elles m'ont rongées jusqu'à l'os. Chiennes affamées. Chaînes de fléau. Je suis rouillé et inutile. Je suis plus rien de toutes manières. Je suis plus qu'une pauvre miette. Qu'une mauviette. Qui s'est laissé prendre par le monde. De la même façon que le commun des mortels. Pas même en héro de la maladie. En survivant fantastique d'une épidémie quelconque. En patient que tous les médecins s'arrachent. Mon corps n'est même pas donné à la science. Pas que je sois contre. Non. Mas on n'en a jamais parlé. Alors tant pis. Je serais enterré. Comme les autres. Ouais. Même pas incinéré puis lancé dans le vent. Pas la poésie des cendres du fond d'un ruisseau. Pas de celles qu'on conserve dans une urne mystérieuse. Rien de tout cela. Juste un corps en décomposition sous une stèle de pierre. Pas gravée d'une épitaphe qui suggère tout un questionnement. Pas même l'ombre d'un doute qui ferait naître une désillusion de mon personnage au regard de mon entourage. Non. Rien de tout ça. Juste un nom gravé sur ma tombe. Le mien. Pas un de ces noms rocambolesques qui s'étendent de particules en particules. Pas un de ces noms exotiques qui laissent prétendre que celui qui gît là à fait bien du chemin. Pas un de ces noms marqués sous des initiales aux points béants, qui camouflent sûrement une identité masquée. Pas de ces noms qu'on a tous aux lèvres dans les conversassions quotidienne parce que cet homme est connu de tous. Rien. Rien que mon nom. Mon nom qui me correspond même pas. Que j'ai même pas choisi. Mon corps qu'on m'a balancé à la gueule le jour de ma naissance et que j'ai pas pu quitter depuis. Que j'ai même pas choisi. Sous une stèle grise. Que j'ai même pas choisi. Je suis plus rien. Et je n'ai jamais été rien. J'ai été rien par les autres. Voilà tout. Tout cela, ce long ruban de mon existence. Coupé net par les Parques. Même pas par moi. J'ai pas choisi. J'ai rien choisi. Et je subit encore. Ma mort.
Scrat
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Sujet: Re: ChronoChallenge n°3 : lettre d'outre-tombe Sam 4 Juin 2016 - 22:39
Spoiler:
Désolée pour le retard mon ordi marche plus ce soir il a buggé juste pour le cc. Du coup je suppose que je suis disqualifiée ! Pas grave, je voulais quand même poster. J'ai modifié la mise en page pour que ce soit pas trash pour les yeux non plus.
Le prix d’une place dans le caveau familial… En enterrant son père elle s’était fait la réflexion suivante : « Merci petits vers d’avoir fait de la place pour Papa. » Elle avait dû marmonner la phrase à mi-voix parce que les gens qui l’entouraient l’avaient soudain regardé étrangement, comme s’ils avaient le sentiment d’avoir mal entendu. Pourtant c’était logique, sans les petits vers, il n’y aurait jamais eu assez de place entre grand-tante Yvette et Papy Gatou, Papa prenait quand même un sacré volume !
« Je te raccompagne ?
— Non, t’es gentille ma chérie, Claude m’a dit de passer chez lui. Il a aussi dit que tu pouvais venir, tu sais, il est peut-être temps de…
— Maman… pas aujourd’hui s’il te plaît.
— D’accord, d’accord chérie, allez. Mais j’aime pas te savoir toute seule.
— Je suis pas toute seule, tu sais. Marc sera là, et ma petite Charlotte aussi. Ils sauront s’occuper de moi.
— C’est vrai. Prends soin de toi mon trésor, j’embrasserai quand même ton frère de ta part. Pense à te rabibocher avec lui un de ces jours… les hommes ne sont pas éternels. »
« Les femmes non plus », pensa-t-elle. Sa mère avait toujours porté les hommes trop haut à son goût. Dans sa bouche il fallait tout leur pardonner. Sarah était fâchée avec Claude depuis une dizaine d’années et à cela il y avait des tas de raisons. Elle n’avait pas envie de le revoir pour se disputer une nouvelle fois sur son alcoolisme, son égoïsme…
Elle entra dans la maison comme un fantôme, ayant ouvert la porte par une sorte d’automatisme. Son visage s’illumina à la vue de sa petite famille. Sa vie… Câlins, baisers… tout irait pour le mieux…
Mais qui apprendrait à pêcher à sa fille ?
*
« Tu ne sors pas beaucoup ces derniers jours…
— Tu sais pourquoi.
— Chérie…
— Laisse-moi faire mon deuil comme je peux.
— D’accord, soupira sa mère. Appelle-moi quand tu veux.
— Oui bien sûr, ne t’inquiète pas. »
L’appeler pour parler de quoi ? C’était ridicule. Elle n’avait rien à lui dire.
*
En triant le courrier entre les factures et les pubs, elle tomba sur une enveloppe étrange. La lettre lui était adressée, au dos, à la place du nom du correspondant la mention « lettre d’outre-tombe ».
« Qui s’amuse à me faire des blagues… » marmonna-t-elle.
Elle l’ouvrit. Quelqu’un avait écrit d’une plume noire et fine la lettre suivante :
« Chère Isabelle, J’espère que vous vous portez bien, Je me permets de vous contacter de la part d’une personne chère que vous visitez régulièrement et qui se trouve malheureusement dans l’incapacité de vous donner de ses nouvelles. Comme il semble que je sois la personne la mieux placée pour répondre de lui dans l’état où il se trouve actuellement – je suis, apprenez-le, un des grands travailleurs de sa nouvelle maison – je me charge donc de vous en donner de sa part. Mes compagnons et moi prenons grand soin de recycler sa bedaine. Nous avons entrepris de laver d’abord ses boyaux surchargés, puis, petit à petit, nous prenons soin de récurer le goudron qui s’est collé dans ses poumons au fil des ans. Je puis vous dire que l’affaire n’est pas mince, cependant nous l’effectuons avec plaisir, car nous avons à cœur notre métier… »
D’abord elle fut choquée qu’on osât lui faire un canular. Elle jeta la lettre dans une corbeille à papiers avec rage.
Mais quelques temps plus tard, un soir où le chagrin la prit elle se précipita sur la même corbeille et la relut jusqu’au bout cette fois, en pleurant et en riant un peu. Il y avait dans la lettre des blagues sur son père que le ver avait grignoté dans son cerveau, comme la fois où il avait gobé une crevette sans en enlever la carcasse, ou bien celle où il avait roulé jusqu’en bas du talus parce qu’il était plein comme un œuf une fois de trop… et cette fois où il les avait pris tous les deux dans les bras, son frère et elle après qu’ils ont fait une bêtise qui aurait pu tourner très mal et leur avait dit : « mes amours, jamais… jamais… jamais… » en pleurant, en pleurant…
Isabelle essuya ses larmes. Une seule personne connaissait ce moment de sa vie. Elle décrocha le téléphone… et appela son frère.