| | La vie en couleur | |
| | Auteur | Message |
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Kobial
Messages : 69 Date d'inscription : 11/11/2017 Localisation : Saint Dizier (52)
| Sujet: La vie en couleur Jeu 15 Fév 2018 - 10:10 | |
| Bonjour tout le monde, voici un petit défi sur le thème des couleurs! C'est assez simple: Il faut écrire un texte (court ou long) sur chacune des couleurs de l'arc-en-ciel, plus le noir et le blanc. On aura donc 8 textes chacun. Voici les couleurs: Jaune Orange Rouge Vert Bleu Violet Noir Blanc Bonus: Réussir à caser la phrase "Elles étaient belles, elles étaient jeunes. Elles allaient mourir." dans au moins un des textes. A vos claviers! - Jaune:
La plage de sable étincelant semblait d'or sous les rayons du soleil. Chaque vaguelette scintillait d'étoiles dansantes au rythme de la houle. Les fenêtres des immeubles lançaient des éclats de lumière. Assise sur la digue, je regardais distraitement un enfant construire un château de sable trop près de la mer. Ses tours fragiles se dressaient comme un rempart modeste, et les créneaux étaient cassés par des coups de pelle trop puissants. Ses tours étaient belles, elles étaient jeunes. Elles allaient mourir. La mer viendrait tout reprendre, effacer le travail de l'enfant. Et pourtant, là, à cet instant je pouvais lire sur son visage la joie d'avoir bâti de ses mains un édifice rendu joli par son caractère éphémère. Demain, il n'y aurait plus rien, et l'éblouissant soleil aurait effacé de ses rayons le paysage doré.
- Orange:
Le feu dévorait tout. La forêt se retrouvait prise au piège d'un immense brasier affamé. On entendait le ronflement des flammes, et le grondement des avions qui se relayaient pour tenter d'endiguer la catastrophe. Le ciel prenait des airs menaçants, aux teintes infernales. La fumée noire plongeait le monde dans la pénombre, donnant des airs malades à la lumière rougeoyante. Il y avait un tapis de fleurs blanches au centre de cette forêt. La cendre fumante voltigeait dans les airs et se déposait sur leurs pétales fragiles rendus jaunâtres. On était au début du printemps, et les fleurs venaient à peine d'éclore. Elles étaient belles, elles étaient jeunes. Elles allaient mourir. Il ne resterait que de la poussière. Mais un jour, on viendrait de nouveau se promener dans cette forêt, à l'ombre des arbres immenses. Et peut-être que des fleurs tapisseront de nouveau le sol brûlé.
- Rouge -18 descriptions crues:
C'était arrivé comme ça, sans prévenir. Elles étaient trois dans la voiture, et elles avaient percuté un arbre. Marie, Alice et Léa. Marie conduisait. Léa dormait à l'arrière, allongée sur la banquette. Elles n'avaient pas bu ce soir-là, s'étaient contentées d'aller au cinéma. Elles étaient restées raisonnables. Mais il y a avait eu les phares éblouissants de la voiture en face, à contresens. Marie avait tout fait pour l'éviter, et n'avait pas vu le mur de l'entrepôt désaffecté. Percuté à pleine vitesse. Alice hurlait toute seule dans la voiture. Du sang avait éclaboussé son visage lorsque sa tête avait percuté le tableau de bord. Elle voyait rouge. Ses mains tâtaient l'habitacle autour d'elle, poisseux et humide. Elle ne sentait aucune douleur et pourtant elle n'arrivait pas à se dégager de la voiture. A côté d'elle, elle pouvait distinguer la forme de ce qui avait été Marie. Impossible de savoir si la jeune femme était encore en vie. Elle portait une robe écarlate et dégoulinante, qui la couvrait du haut de son cou à son bassin. Le reste était disparu sous les débris du volant et du moteur fumant. Alice voulut saisir son portable dans son sac à main, avant de se rappeler que celui-ci se trouvait à l'arrière. Ses doigts fébriles fouillèrent la banquette arrière, puis le sol. Sa main s'enfonça dans une masse spongieuse et chaude, et elle se recroquevilla précipitamment. Il y avait du sang partout. Et les secours n'arrivait pas. Alice ne comprenait pas, d'habitude les pompiers arrivaient toujours très vite avec leurs rassurants camions de couleur vive. Mais là, il n'y avait pas l'ombre d'un gyrophare à l'horizon. C'était une route de campagne, et il était tard. Personne n'avait pu entendre l'accident. Personne n'avait pu voir quoi que ce soit. Et les secours mettraient un temps infini à arriver.
Alice était une fille courageuse. Elle essaya de se retourner pour voir où se trouvait Léa, et son sac à main. Elle ferma les yeux pour ne pas voir l'état de Marie et retint un hoquet de douleur en découvrant celui de Léa. Celle-ci avait imprudemment détaché sa ceinture de sécurité. Son corps s'était projeté contre les sièges avants de la voiture. Des os saillaient dans tous les sens, et Alice perdit connaissance. La masse spongieuse dans laquelle elle avait mis la main était tout ce qui restait de la tête de son amie si gaie.
Lorsqu'elle revint à elle, Alice hurla. C'était incompréhensible que personne ne l'entende. Comment pouvait-elle rester seule, dans cette situation? Elle tremblait de froid, trempée par... Alice eut un soudain hoquet de terreur. Elle était couverte de sang. Elle prit soudain conscience de la proximité du tableau de bord, du fait qu'elle ne voyait pas ses jambes, coincées quelque part sous la tôle froissée. Sa chair avait éclaté au niveau des genoux, comme un fruit mûr et vif. Il y avait des éclats d'os un peu partout. Alice se sentit très calme. Elles étaient belles, elles étaient jeunes. Elles allaient mourir. Sereine, elle commença à sombrer. Et la panique revint au galop. Il y avait énormément de regrets. Alice songea à ce qui allait se passer après, à ses parents... Et tandis que la vie s'écoulait rouge de son corps, elle voulait s'accrocher à la vie. Elle ferma les yeux, malgré elle. Et de rouge, le monde devint noir.
- textes avant corrections:
- correction de Jaune:
La plage de sable étincelant semblait d'or sous les rayons du soleil. Chaque vaguelettes scintillait d'étoiles dansantes au rythme de la houle. Les fenêtres des immeubles lançaient des éclats de lumière. Assise sur la digue, je regardais distraitement un enfant construire un château de sable trop près de la mer. Ses tours fragiles se dressaient comme un rempart modeste, et les créneaux étaient cassés par des coups de pelle trop puissants. Ses tours étaient belles, elles étaient jeunes. Elles allaient mourir. La mer viendrait tout reprendre, effacer le travail de l'enfant. Et pourtant, là, à cet instant je pouvais lire sur son visage la joie d'avoir bâti de ses mains un édifice rendu joli par son caractère éphémère. Demain, il n'y aurait plus rien, et l'éblouissant soleil aurait effacé de ses rayons le paysage doré.
- correction de rouge:
C'était arrivé comme ça, sans prévenir. Elles étaient trois dans la voiture, et elles avaient percuté un arbre. Marie, Alice et Léa. Marie conduisait. Léa dormait à l'arrière, allongée sur la banquette. Elles n'avaient pas bu ce soir-là, s'étaient contenté d'aller au cinéma. Elles étaient restées raisonnables. Mais il y a avait eu les phares éblouissants de la voiture en face, à contresens. Marie avait tout fait pour l'éviter, et n'avait pas vu le mur de l'entrepôt désaffecté. Percuté à pleine vitesse. Alice hurlait toute seule dans la voiture. Du sang avait éclaboussé son visage lorsque sa tête avait percuté le tableau de bord. Elle voyait rouge. Ses mains tâtaient l'habitacle autour d'elle, poisseux et humide. Elle ne sentait aucune douleur et pourtant elle n'arrivait pas à se dégager de la voiture. A côté d'elle, elle pouvait distinguer la forme de ce qui avait été Marie. Impossible de savoir si la jeune femme était encore en vie. Elle portait une robe écarlate et dégoulinante, qui la couvrait du haut de son cou à son bassin. Le reste était disparu sous les débris du volant et du moteur fumant. Alice voulut saisir son portable dans son sac à main, avant de se rappeler que celui-ci se trouvait à l'arrière. Ses doigts fébriles fouillèrent la banquette arrière, puis le sol. Sa main s'enfonça dans une masse spongieuse et chaude, et elle se recroquevilla précipitamment. Il y avait du sang partout. Et les secours n'arrivait pas. Alice ne comprenait pas, d'habitude les pompiers arrivaient toujours très vite avec leurs rassurants camions de couleur vive. Mais là, il n'y avait pas l'ombre d'un gyrophare à l'horizon. C'était une route de campagne, et il était tard. Personne n'avait pu entendre l'accident. Personne n'avait pu voir quoi que ce soit. Et les secours mettrait un temps infini à arriver.
Alice était une fille courageuse. Elle essaya de se retourner pour voir où se trouvait Léa, et son sac à main. Elle ferma les yeux pour ne pas voir l'état de Marie et retint un hoquet de douleur en découvrant celui de Léa. Celle-ci avait imprudemment détaché sa ceinture de sécurité. Son corps s'était projeté contre les sièges avants de la voiture. Des os saillaient dans tous les sens, et Alice perdit connaissance. La masse spongieuse dans laquelle elle avait mis la main était tout ce qui restait de la tête de son amie si gaie.
Lorsqu'elle revint à elle, Alice hurla. C'était incompréhensible que personne ne l'entende. Comment pouvait-elle rester seule, dans cette situation? Elle tremblait de froid, trempée par... Alice eut un soudain hoquet de terreur. Elle était couverte de sang. Elle prit soudain conscience de la proximité du tableau de bord, du fait qu'elle ne voyait pas ses jambes, coincées quelque part sous la tôle froissée. Sa chair avait éclaté au niveau des genoux, comme un fruit mûr et vif. Il y avait des éclats d'os un peu partout. Alice se sentit très calme. Elles étaient belles, elles étaient jeunes. Elles allaient mourir. Sereine, elle commença à sombrer. Et la panique revint au galop. Il y avait énormément de regrets. Alice songea à ce qui allait se passer après, à ses parents... Et tandis que la vie s'écoulait rouge de son corps, elle voulait s'accrocher à la vie. Elle ferma les yeux, malgré elle. Et de rouge, le monde devint noir.
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| | | Kobial
Messages : 69 Date d'inscription : 11/11/2017 Localisation : Saint Dizier (52)
| Sujet: Re: La vie en couleur Mar 20 Fév 2018 - 18:11 | |
| Suite du défi: - Vert:
Cela avait commencé plusieurs jours auparavant. L'éclat vif de la vie avait quitté l'endroit, fuyant à l'approche de la mort nauséabonde. La peau s'était ternie, flétrie par le temps qui avançait inexorablement. Le vert brillant avait foncé, comme noirci par la gangrène. Les champignons avaient commencé leur travail. Purulents, ils pullulaient à la surface, grignotant la chair. Un liquide poisseux coulait en continu, chargé de paquets moisis. A présent, la maladie semblait s'étendre autour, couvrant le vivant d'un manteau aux reflets verts malsains. En voyant cela, je fus obligée de jeter l'intégralité de ma corbeille de pommes... Elles étaient jeunes, elles étaient belles. Elles allaient mourir. Quel gâchis!
La suite dans peu de temps! | |
| | | Jugement
Messages : 285 Date d'inscription : 07/07/2016
| Sujet: Re: La vie en couleur Mer 21 Fév 2018 - 18:55 | |
| J'aime bien l'idée je trouve le concept bien organisé ! Pas trop court (selon moi) et pas assez long pour ressentir une répétition ou une certaine ennuie continue ! | |
| | | Kobial
Messages : 69 Date d'inscription : 11/11/2017 Localisation : Saint Dizier (52)
| Sujet: Re: La vie en couleur Sam 31 Mar 2018 - 20:41 | |
| - bleu:
Le ciel était limpide en cette belle matinée d'automne. La saison de la chasse venait de commencer, et la rosée couvrait le sol d'un manteau aux reflets azur. Accroupi au milieu des roseaux et des jonquilles, j'attendais patiemment. Et soudain je les vis. Il y avait tout un groupe d'oies grises, qui paraissaient bleutées dans la lumière du matin. Elles venaient boire à l'étang, troubler l'eau de leurs becs allongés. Des nénuphars flottaient à la surface. J'épaulais mon fusil et je choisis la plus grasse, celle qui paraissait la plus belle. Je n'eus pas à attendre longtemps. Lorsque je pressai la détente, un nuage de fumée bleue m'enveloppa, tandis que le coup de tonnerre de la cartouche brisa le silence. Les oies s'envolèrent dans un froufrou feutré. Excité comme une puce, je bondis en avant pour aller chercher ma prise et forcément, je m'étalais par terre. Une énorme racine sortait du sol devant moi. J'en serai quitte pour un gros hématome. En relevant la tête, la déception m'envahit. J'avais loupé ma cible. Des larmes de rage coulèrent sur mes joues. Elles étaient jeunes, elles étaient belles. Elles allaient mourir. C'était ce que je m'étais répété, tout le temps de viser et tirer. Tu parles ! J'étais bon pour manger du surgelé ce soir...
- texte avant correction:
Le ciel était limpide en cette belle matinée d'automne. La saison de la chasse venait de commencer, et la rosée couvrait le sol d'un manteau aux reflets azur. Accroupi au milieu des roseaux et des jonquilles, j'attendais patiemment. Et soudain je les vis. Il y avait tout un groupe d'oies grises, qui paraissaient bleutées dans la lumière du matin. Elles venaient boire à l'étang, troubler l'eau de leurs becs allongés. Des nénuphars flottaient à la surface. J'épaulais mon fusil et je choisis la plus grasse, celle qui paraissait la plus belle. Je n'eus pas à attendre longtemps. Lorsque je pressais la détente, un nuage de fumée bleue m'enveloppa, tandis que le coup de tonnerre de la cartouche brisait le silence. Les oies s'envolèrent dans un froufrou feutré. Excité comme une puce, je bondis en avant pour aller chercher ma prise et forcément, je m'étalais par terre. Une énorme racine sortait du sol devant moi. J'en serai quitte pour un gros hématome. En relevant la tête, la déception m'envahit. J'avais loupé ma cible. Des larmes de rage coulèrent sur mes joues. Elles étaient jeunes, elles étaient belles. Elles allaient mourir. C'était ce que je m'étais répété, tout le temps de viser et tirer. Tu parle! J'étais bon pour manger du surgelé ce soir...
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| | | Kobial
Messages : 69 Date d'inscription : 11/11/2017 Localisation : Saint Dizier (52)
| Sujet: Re: La vie en couleur Dim 1 Avr 2018 - 21:27 | |
| - violet:
Les émanations de magie emplissaient l'académie d'une aura malsaine. Les jeunes sorcières, élèves de tout âge, tentaient d'endiguer le flot depuis des heures. Je contemplais ce spectacle du haut de mon balcon, les mains dans les poches de ma robe mauve. C'était la couleur de notre pouvoir et ce n'était pas étonnant que chaque sorcier la porte. Le toussotement inquiet de mon assistante me tira de mes pensées. Ce que je m'apprêtais à faire n'était pas bien, je le savais. Malheureusement, je n'avais pas réellement le choix. Il fallait que les mages confirmés sauvent leurs vies, au prix du sacrifice des plus jeunes. Seuls les plus anciens auraient la capacité de transmettre leur savoir. Ils évacuaient les bâtiments en silence, discrètement. Il ne fallait pas que les élèves se doutent de quoi que ce soit. "Maitre..." Je me retournais, un peu irrité. Le visage de mon assistante avait pris une méchante teinte rouge, et je voyais ses veines sur son front. "Maître, ça y est, tout le monde est parti. - Très bien. Vous pouvez vous en aller aussi. Adieu, Lydine" Ses yeux étaient humides, mais je ne comptais pas dire autre chose. Elle leva les mains devant elle, et dessina son sort de téléportation dans l'air. Je reportais mon attention sur les jeunes sorcières qui canalisaient le flux de magie débordant. Elles étaient jeunes, elles étaient belles. Elles allaient mourir. C'était le prix à payer. J'eus une pensée émue pour toute l'équipe dirigeante de l'académie. Nous n'avions pas tiré au sort le nom de celui qui resterait. Je m'étais porté volontaire. Les rumeurs qui couraient sur moi disaient que je n'étais pas un bon professeur. Et encore moins un bon sorcier. Il fallait que quelqu'un le fasse. Je déchirais ma robe, me roulais par terre. Le ciel prenait une teinte prune désagréable. Je plaçais une rune explosive sur le sol, et je sautais dessus. Le résultat ne se fit pas attendre. Le souffle brûlant de magie m'envoya en l'air, comme un fétu de paille. La chute fut rude. Si la situation n'avait pas été sur le point de tous nous envoyer à la mort, je me serais inquiété de l'énorme hématome qui marbrait mon dos. Ouille. Il suffisait de jouer son rôle. Ma chute dans la cour occupa l'attention des élèves quelques secondes. Je me relevais comme un fou, et je me mis à courir en levant les bras en l'air. Je n'avais jamais très bien joué la comédie, mais c'était assez convaincant. "Dégagez !!! Tout va sauter !!!" Les élèves prirent la fuite. Les améthystes qui jaillissaient du sol se mirent à briller violemment, et la magie éclata dans un nuage violet. Je n'eus même pas le temps de me rendre compte que j'étais mort.
- texte avant correction:
Les émanations de magie emplissaient l'académie d'une aura malsaine. Les jeunes sorcières, élèves de tout âge, tentaient d'endiguer le flot depuis des heures. Je contemplais ce spectacle du haut de mon balcon, les mains dans les poches de ma robe mauve. C'était la couleur de notre pouvoir et ce n'était pas étonnant que chaque sorcier la porte. Le toussotement inquiet de mon assistante me tira de mes pensées. Ce que je m'apprêtais à faire n'était pas bien, je le savais. Malheureusement, je n'avais pas réellement le choix. Il fallait que les mages confirmés sauvent leurs vies, au prix du sacrifice des plus jeunes. Seuls les plus anciens auraient la capacité de transmettre leur savoir. Ils évacuaient les bâtiments en silence, discrètement. Il ne fallait pas que les élèves se doutent de quoi que ce soit. "Maitre..." Je me retournais, un peu irrité. Le visage de mon assistante avait prit une méchante teinte rouge, et je voyais ses veines sur son front. "Maître, ça y est, tout le monde est parti. - Très bien. Vous pouvez vous en aller aussi. Adieu, Lydine" Ses yeux étaient humides, mais je ne comptais pas dire autre chose. Elle leva les mains devant elle, et dessina son sort de téléportation dans l'air. Je reportais mon attention sur les jeunes sorcières qui canalisaient le flux de magie débordant. Elles étaient jeunes, elles étaient belles. Elles allaient mourir. C'était le prix à payer. J'eus une pensée émue pour toute l'équipe dirigeante de l'académie. Nous n'avions pas tiré au sort le nom de celui qui resterait. Je m'étais porté volontaire. Les rumeurs qui courraient sur moi disaient que je n'étais pas un bon professeur. Et encore moins un bon sorcier. Il fallait que quelqu'un le fasse. Je déchirais ma robe, me roulais par terre. Le ciel prenait une teinte prune désagréable. Je plaçais une rune explosive sur le sol, et je sautais dessus. Le résultat ne se fit pas attendre. Le souffle brûlant de magie m'envoya en l'air, comme un fétu de paille. La chute fut rude. Si la situation n'avait pas été sur le point de tous nous envoyer à la mort, je me serais inquiété de l'énorme hématome qui marbrait mon dos. Ouille. Il suffisait de jouer son rôle. Ma chute dans la cour occupa l'attention des élèves quelques secondes. Je me relevais comme un fou, et je me mis à courir en levant les bras en l'air. Je n'avais jamais très bien joué la comédie, mais c'était assez convaincant. "Dégagez!!! Tout va sauter!!!" Les élèves prirent la fuite. Les améthystes qui jaillissaient du sol se mirent à briller violemment, et la magie éclata dans un nuage violet. Je n'eus même pas le temps de me rendre compte que j'étais mort.
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| | | Kobial
Messages : 69 Date d'inscription : 11/11/2017 Localisation : Saint Dizier (52)
| Sujet: Re: La vie en couleur Ven 17 Aoû 2018 - 20:29 | |
| - noir:
La nuit venait de tomber, comme un manteau d'encre épais. On n'y voyait rien. Les étoiles se cachaient derrière des nuages menaçants, chargés de pluie et d'orage. On sentait une odeur de poudre et de brûlé dans l'air. Ca prenait à la gorge et ça donnait envie de tousser. Personne dans le groupe n'osait faire de bruit. Ils étaient jeunes, forts et un peu fatigués. Leurs yeux de chats scrutaient l'obscurité avec de rapides mouvements des paupières. Les choses immobiles que l'on fixe trop longtemps finissent par disparaître. Ils étaient accroupis en cercle, se tournant le dos. Leurs habits se confondaient avec la forêt. Leurs armes noires et métalliques absorbaient le moindre rayonnement. Le chef du groupe appela à lui ses subordonnés en tapotant délicatement le sol derrière eux. Il n'avait pas de cartes, pas de stylo, pas de montre. Sa voix n'était qu'un murmure, à peine audible. Tout à coup, l'un des veilleurs s'agita, remuant les feuilles mortes sombres qui jonchaient le sol. Il tapa doucement la crosse creuse de son arme. Les regards se tournèrent vers lui avant de dévier. Il suffisait d'observer dans sa direction pour voir. Il y avait une petite lueur au loin, comme une étoile tombée au milieu de la forêt. D'ailleurs, à cette distance, on ne distinguait pas la forêt: il n'y avait qu'un amas clair devant et plus loin une masse plus foncée. Les soldats se souvenaient de la carte étudiée dans la journée: le bosquet en question se trouvait à deux kilomètres en avant. Et dans ce bosquet, il y avait quelqu'un qui fumait. Ca se voyait de loin la lueur d'une cigarette: jusqu'à quatre kilomètres en nuit noire. Pour l'atteindre, il fallait traverser une plaine remplie de petits arbustes hauts comme un homme. Le terrain était accidenté. Le groupe progressait lentement, en se tenant mutuellement les sangles des sacs: il suffisait de s'éloigner de quelques mètres seulement pour perdre le contact. Il était alors impossible d'appeler, de peur de se faire repérer. Ils avançaient dans un bruissement de feuilles qui ressemblait au bruissement du vent, les mains serrées sur leurs armes pour les empêcher de tinter. Les coudes et les genoux se frayaient un chemin à tâtons en repoussant les branches qui barraient le passage. C'était absurde de mener un assaut dans un four pareil: on risquait fort de se tirer dessus sans pouvoir s'identifier. C'était peut-être même stupide: ils étaient jeunes, ils étaient beaux. Ils allaient mourir. Enfin, pas pour de vrai. L'exercice était haletant. Ils n'avaient que vingt ans et ils marchaient à l'aveugle, à tâtons. C'était comme un jeu. Cela ne servait à rien de regarder puisqu'on ne voyait rien. Ils fermèrent les yeux en arrivant à proximité du bosquet. En les rouvrant, leurs pupilles s'étaient mieux habituées à l'invisible. Il n'y avait pas une once de lumière et pourtant, on parvenait à distinguer... Qui aurait cru qu'il existait différentes nuances de noir? Ils épaulèrent... Ce ne furent pas les détonations des cartouches à blancs qui alertèrent l'autre équipe, mais les flash lumineux qui jaillissaient du canon des armes. La nuit couverte de suie s'emplit d'un vacarme assourdissant. >> Inspiré d'une histoire vécue
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