Parlons expérimental.
PlaistowLacrimosa (2012)
1. Lacrimosa
2. Cube
Titan (2015)
A1 Hyperion
A2 Phoebe
A3 Prometheus
B1 Mimas
B2 Tethys
B3 Iapetus
B4 Helene
C1 Pan
C2 Rhea
C3 Dione
C4 Daphnis
D1 Kari
D2 Enceladus
D3 Titan
Deux albums pour le prix d'un, parce que j'aurai pas grand chose à dire, surtout pour le premier album,
Lacrimosa.
Plaistow est un groupe totalement inconnu du grand public (et même du petit). Il est génériquement classé dans le jazz, voire dans le jazz-rock, mais c'est un groupe expérimental qui se fonde sur trois instruments : le piano, la basse/contrebasse et la batterie.
Commençons par
Lacrimosa. Ca devrait aller vite, il n'y a que deux morceaux, Lacrimosa et Cube (TIENS on dirait le titre d'un texte KOF KOF). Les deux morceaux sont très différents et n'ont de commun que leur longueur, respectivement 23 et 18 minutes.
Lacrimosa (le morceau) se décompose en trois mouvements, le dernier reprenant le premier. Ces deux morceaux mettent en valeur les notes du piano qui pleuvent en permanence et qui sont soulignées par la basse et la batterie sur tous les temps. Ce sont deux mouvements hypnotiques, étranges et forts ; le premier va en crescendo vers le deuxième mouvement.
Celui-ci reste, je pense, le plus captivant du morceau et de l'album. Basé sur le piano, la mouvement va crescendo. La batterie ne fait que soutenir, mais la basse va ajouter de la mélodie au fur et à mesure, avant que le piano en déploie une autre, encore plus magistrale. Le mouvement s'évanouit dans le dernier mouvement, qui reprend donc le premier avant de taire la batterie et la basse, ne laissant que le piano hypnotique. Puis pouf. Plus rien. Le morceau s'arrête sec, comme une fin qui dérange. Un morceau fascinant.
Cube est totalement différent. Le morceau suit une construction binaire : une mélodie de piano soutenue intensément par la batterie et la basse, puis un mini-break mené par la batterie où la musique devient plus féroce.
C'est un morceau difficile à décrire ; il suit un peu la ligne progressive floydienne (à suivre...) en faisant un gros break hallucinatoire précédé et suivi d'une extase musicale.
C'est donc un album totalement ovniesque, le plus OVNI de ce que j'ai pu écouter à ce jour.
Titan est sorti en 2015 dans le même silence. Peut-être un peu moins, relayé par quelques petites personnalités publiques comme Xavier "mistermv" Dang. L'album est considéré par le groupe comme le plus représentatif de leur musique.
4 parties de 3 à 4 morceaux. Allons-y donc partie par partie.
Note : j'ai pas mal écouté cet album en voiture avec les basses à fond. Jouissif. Faudrait que je fasse une VDS sur les positions (musique et jeu vidéo). A SUIVRE donc. Mais bref, écoutez pas ça avec les enceintes d'ordi ou des écouteurs nuls, par pitié. Essayez de vous procurez un truc pour écouter de la musique, au mieux un casque - le mien ayant coûté 15 balles pour 4 ans d'utilisation, z'avez aucune excuse.
Partie A : le morceau d'introduction est chouette (beaucoup moins étrange que le deuxième
). Le début est assez jouissif, surtout dans les basses. S'enfuit un petit break un peu chelou mais qui suit la ligne de basse (basse + kick).
Bon, le deuxième est plus aigre. Une mélodie kickée par les trois instruments... Oui, c'est bizarre, ça tape dans le cerveau, c'est agressif et assez puissant. Les disharmonies au fil du morceau provoquent toutes des changements très manifestes, pour finir vers un morceau plus harmonieux avec une chouette mélodie. C'est donc un morceau difficile d'accès, mais dans lequel on peut vraiment exulter sa puissance créatrice.
Et
Prometheus... Un des morceaux les plus expérimentaux de l'album, notamment à la batterie, où les sonorités sont particulièrement originales et anxiogènes. La lenteur du piano se rajoute au côté hermétique et peu rassurant du morceau. Le morceau s'effondre dans le silence et se transpose dans la deuxième partie.
Partie B : le premier morceau est pas ouf, je trouve. Il part sur des bases assez bien menées avec une chouette ambiance et... ça s'envole dans un trip vraiment chelou...
Et le deuxième... eh bien c'est pire ! Je vais rien dire, écoutez-le... Le morceau rappelle
Lacrimosa, mais en mille fois plus agressif héhé.
Iapetus est bien plus audible. C'est même un morceau qui arrive formidablement à retranscrire une ambiance sombre, mais magnifique... La piano est beau et est sublimement mené par la basse et le kick qui martèlent leur note. Un très beau morceau.
Helene est un autre morceau se basant sur les expérimentations de la batterie, mais est beaucoup plus calme, le rythme étant mené calmement par le piano. Puis, la batterie arrive, classique, pour appuyer ce rythme lancinant... Un morceau assez hypnotique et vraiment beau...
Partie C : on retrouve
Pan, le sujet du CC de la fête de la musique. Un morceau vraiment magnifique, sombre et lancinant. Il est mené par le piano très aigu, suivi par la basse discrète. Et la batterie joue en fond des sonorités plus anxiogènes et sombres, donnant beaucoup de cachet au morceau. Un des meilleurs morceaux.
Rhea, un morceau au rythme plus pop, plus entraînant... ce qui rentre bien dans l'inédit tant l'album dépote dans l'inconnu. Bref, un morceau chouette et entraînant, qui s'essouffle petit à petit dans le silence.
Dione fait beaucoup penser à
Prometheus, notamment par son piano, sauf qu'il est joué 10 fois plus rapidement
Le rythme est donc très rapide, forcé, assez dérangeant, notamment avec la basse qui soutient le piano, et il se poursuit jusqu'à la fin, alors que le piano commence une mélodie qui s'inscrit dans la rapidité du morceau.
Daphnis est un autre moment de beauté. Une simple ligne mélodique, qui sonne assez ordinaire, répétée à l'infini, où s'ajoute une contre-mélodie, ce qui crée un sentiment de surplus et donne pas mal de force au morceau. Tout est répétitif, jusqu'à la fin où le morceau - encore une fois - se tait d'un coup.
Partie D : Kari est en quelque sorte le "single" de l'alnum, sorti à part sur Youtube. Il est assez particulier par le rythme imposé par les trois instruments. La mélodie suit beaucoup ce rythme, ce qui renforce l'aspect étrange du morceau. La basse est assez incroyable, elle mène à elle seule le morceau.
Puis un autre morceau expérimental, qui mélange
Lacrimosa et
Prometheus... en un morceau grandiose et magnifique... Le piano exulte aux côtés des jeux de la batterie et provoque une harmonie géniale. Un morceau de puissance et de beauté, sans doute mon préféré.
Et l'album se clôt avec le morceau-titre, qui se rapproche du silence auquel on va devoir s'habituer à la fin de l'écoute. Le rythme est très lent, mené par le piano et la batterie essentiellement ; il y a peu de mélodies, c'est vraiment un morceau de fin. Tout se rapproche du silence, même quand les instruments sont joués fortement : cela renforce le silence d'à côté...
Titan est un voyage assez incroyable ; il faut pas mal de force et de patience pour venir à bout de sa grosse heure, mais c'est un album qui chamboule vraiment. En jouant avec ses instruments et son cadre qu'est le morceau, sa musique ne fait que surprendre de fil en aiguille. C'est donc un album particulièrement abouti...