coucou,
voici la suite, ce sera plus long
Anna hésita, le regarda pensivement et se décida:
" A ce moment-là, j'étais serveuse dans un petit restaurant à l'ambiance familiale, votre père était un habitué. Je pourrais vous dire que je l'ai remarqué depuis le premier jour mais je dirai plutôt quelques temps après, quand il a prit ses habitudes. Je ne le servais pas tout le temps mais j'appréciais quand je le faisais. Et puis un jour, je me suis intéressée un peu plus à lui. Sa gentillesse, sa réserve m'ont touchée. Il était toujours aimable avec nous, quelle que soit son humeur. C'est devenu mon client préféré. Au début, ce n'était qu'un jeu mais je me suis laissée prendre toute seule. Les filles, mes collègues, savaient, et je m'arrangeais pour le servir à chaque fois. Nous discutions un petit peu, deux-trois mots, quelques phrases quand le service le permettait. Je ne pense pas qu'il ait été dupe de mon manège. Je pense que ça l'amusait, il ne pensait pas que ça irait plus loin que ça. Mais j'étais perdue dans ce que j'éprouvais pour lui. Je ne savais pas si j'étais amoureuse ou non. Il m'attirait beaucoup, oui, mais de là à savoir si ces sentiments étaient amoureux, c'était difficile. Peut-être que j'avais oublié ce que c'était de tomber amoureuse, de l'effet que ça faisait? Mes amies me disaient que je l'étais mais je doutais beaucoup. J'ai mis du temps à me décider d'écrire cette lettre. Je n'étais pas prête à le "perdre". Quand je l'ai été, j'ai écris ce que je ressentais et je lui ai donné.
- Il a répondu?
- Oui. Et d'une manière parfaite. Franche, honnête et bienveillante. A son image.
- Vous avez été déçue?
- Je ne sais pas trop. Sa réponse m'a sonnée, oui. Mais je crois que c'était ce que je voulais entendre. Je pense que je savais au fond de moi quelles seraient sa réponse et sa réaction. Je ne sais pas si je lui aurai donné la lettre si je pensais avoir une autre réponse.
- Qu'a-t-il fait ensuite?
- Il n'est plus revenu. C'était la meilleure chose à faire, il n'était pas libre, je le savais, et moi non plus. Mais je ne sais pas ce qu'il ressentait. Je ne sais pas ce qu'il a pensé de la lettre, il a dû me prendre pour une folle….. Je ne l'ai plus revu après ça. J'ai imaginé des tas de scénario où l'on se croisait par hasard, des discussions improbables. J'ai eu du mal à tourner la page, ses mots ont résonné longtemps dans ma tête. Il suffisait que j'en lise, que j'en entende un pour que mon esprit s'envole vers lui.
- Vous n'avez pas cherché à le revoir?
- Non. Au début je le voulais, même juste l'apercevoir sans qu'il me voit, juste pour savoir si je ressentais toujours quelque chose en le voyant, ce que j'appelais mon petit frisson, ou le tremblement intérieur qui me prenait pendant un moment. Mais je me suis raisonnée et j'ai respecté son choix. Il a été franc et honnête avec moi, je me devais de l'être aussi envers lui.
- Et le livre dont vous parlez dans votre lettre?
- J'avais commencé à écrire cette histoire il y a des années. Elle ne faisait qu'une page, comme celles que je lui ai fait lire.
- Vous lui avez donné vos textes à lire?
- Oui, c'était une manière comme une autre de faire connaissance, de me dévoiler un peu. Et puis, je ne savais pas trop ce que mes écrits valaient, c'était intéressant d'avoir l'avis d'une personne qui me connaissait peu.
- Et ils lui ont plu?
- Oui, il a eu l'air d'accrocher, mais on n'a jamais eu le temps d'en parler plus que ça. J'étais sur une autre histoire quand j'ai commencé à travailler là. Mais l'envie est partie à un moment donné. Plus tard, j'ai repris celle-ci et l'inspiration était au rendez-vous. Votre père me trottait dans la tête et j'ai ajouté un personnage à mon histoire. J'ai eu des mois où l'écriture était fluide, facile grâce à lui. D'un côté, j'avais hâte de le terminer pour lui faire lire. Je pensais qu'il devinerai mes sentiments en lisant. Avec le recul, je ne suis pas sûre qu'il aurait su.
- Pourquoi?
- Ce n'est pas ce que l'on appelle un roman " à l'eau de rose", c'est plutôt un roman d'aventure.
- Vous le lui avez quand même donné?
- Non. Je lui ai donné la lettre avant. Je n'en pouvais plus de ces sentiments contradictoires, de ces doutes, de l'état dans lequel je me mettais. Il était temps que je lui dise ce que je ressentais, j'avais besoin de son aide pour passer à autre chose. Je savais que je n'arriverai pas à ne plus le servir de moi -même. Et il l'a fait merveilleusement."
Anna se tut un instant, le yeux dans le vague. Il demanda doucement:
" Vous l'avez toujours?
- Oui, chez moi, dit-elle surprise.
- Me permettriez-vous de le lire?
- Si vous voulez, je n'y ai pas touché depuis que je l'ai imprimé. Il faudrait le retravailler pour qu'il soit vraiment présentable mais je n'ai pas eu le courage de le faire. Je n'étais pas prête je pense, j'y ai mis trop de sentiments. Il fallait le laisser reposer.
- Vous avez un peu de temps? Je peux aller le chercher si vous voulez, j'habite à 500 mètres.
- Je vous accompagne."
Ils se levèrent, Anna fit un signe de la main à Marie au loin. Tout en cheminant, il lui demanda timidement:
" Dites, cette tendresse dont vous parlez dans la lettre, est-elle toujours présente? "
La vieille dame le regarda, étonnée, sans répondre à la question:
" C'est là, on est arrivé."
Le jeune homme regarda par-dessus le portail. C'était une jolie maisonnette, typiquement bretonne. Les murs blancs laissaient apparaître des pierres de tailles aux angles de la bâtisse ainsi qu'autour des fenêtres et de la porte. Le toit en ardoise. Ils traversèrent un jardinet fleuri et Anna fit entrer le jeune homme.
" Installez-vous, dit-elle en passant dans la salle à manger. Voulez-vous un café?
- Avec plaisir."
La vieille dame disparut un instant dans la cuisine. Le jeune homme laissait son regard se promener dans la pièce. Elle était agencée harmonieusement, le mobilier de bois clair était simple et confortable. Un rayon de soleil l'attira vers le fond de la pièce. Il s'avança et eut le souffle coupé. Une véranda s'ouvrait devant lui, par les baies vitrées, la vue était fantastique. En contrebas, un joli jardin arboré et ensuite, la mer.
Il admirait ce panorama quand Anna revint avec un plateau:
" Je vois que vous avez trouvé ma pièce préférée de la maison, dit-elle en riant
- La vue…….. C'est magnifique!
- Oui…… J'en suis tombée amoureuse quand on a visité la maison…….
- Vous habitez ici depuis longtemps?
- Cela va faire 7 ans. La maison que nous avions était devenue trop grande quand les enfants ont quitté le nid. Et je voulais me rapprocher de la mer, pouvoir la voir de chez moi est un beau cadeau. Mon mari n'a pas pu en profiter beaucoup, dit-elle tristement, il est décédé il y a 3 ans.
- Je suis désolé.
- C'est la vie……. Allons, le café va refroidir, asseyez-vous, je vais vous chercher le livre."
Le jeune homme s'installa dans un fauteuil de rotin lui tendant les bras. Son regard vagabonda de nouveau. La véranda était vraiment agréable, quelques plantes se mêlaient aux meubles. Le tout formait un ensemble chaleureux, apaisant.
La vieille dame ouvrit un meuble sur le côté et le jeune homme aperçut plusieurs pochettes de couleurs. Elle en prit une bleue puis ouvrit un tiroir et en sortit une petite feuille pliée en deux. Anna vint s'asseoir en face de lui et posa la pochette sur la table basse:
" Voici le texte. Pour l'anecdote, c'est cette pochette, cette copie-là que j'avais prévu de donner à votre père. Je suis heureuse que vous l'ayez.
- Merci.
- J'ai autre chose à vous montrer, dit-elle en lui tendant la feuille pliée en deux.
- Qu'est ce c'est?
- Votre père a gardé ma lettre, j'ai gardé la sienne moi aussi."
Le jeune homme ouvrit la feuille et lut. Il sourit:
" C'est vraiment lui……… franc, direct mais reste empathique.
- Tout à fait." répondit-elle en souriant à son tour.
Ils restèrent un moment à bavarder, puis le jeune homme prit congé:
" Je vous remercie de m'avoir confié tout ceci.
- Je vous en prie, ce ne sont que de bons souvenirs. Au fait, comment vous appelez-vous?
- Oh mince! Je ne me suis même pas présenté! Je m'appelle Armel. "
Anna se mit à rire, Armel la regarda avec des yeux ronds:
" J'ai dit une bêtise?
- Non, non, ne vous inquiétez pas, c'est juste………… Vous comprendrez en lisant.
- Vous m'intriguez, je vais m'y mettre dès que possible.
- Prenez votre temps.
- A bientôt.
- Au revoir."
Son invité partit, la vieille dame retourna dans la véranda et prit un autre exemplaire de son roman. Elle caressa tendrement la couverture. Elle s'installa confortablement et l'ouvrit. Il y avait bien longtemps qu'elle ne l'avait pas feuilleté. Les premiers mots la remirent dans l'ambiance, les personnages lui revinrent en mémoire, aussi vivants qu'ils l'étaient à ce moment-là. Elle chercha certains passages, là où ses émotions avaient été les plus intenses. Elle revit les sentiments qu'elle avait éprouvé en écrivant. Anna repensa à la question d'Armel: La tendresse était-elle toujours présente malgré les années écoulées? Si elle se fiait à la bouffée d'émotions qui la submergeait, la réponse était : Oui. Cette tendresse était là, intacte.
Armel était heureux d'avoir rencontré Anna. Il avait hâte de lire, ce qu'elle lui avait raconté l'avait ému. Il avait une idée, un idée un peu folle. Il espérait que ça marcherait mais il y a des choses dont il n'était pas maître, et il n'y pouvait rien. Il ne pouvait qu'espérer…….
Quelques jours plus tard, il rendit visite à son père:
" Papa, j'ai lu quelque chose hier, et je voudrais que tu le lise.
- Qu'est ce que c'est ?
- Une aventure assez intéressante.
- C'est long? Tu sais que je mets du temps à lire.
- Il y en a pour une bonne heure je pense.
- Ah.
- Je peux te faire la lecture si tu veux, dit-il en voyant la mine déconfite de son père.
- Bonne idée, vas-y."
Le fils et le père s'installèrent au salon et le jeune homme commença. De temps en temps, il levait les yeux et observait son père. Il le voyait sourire, hocher la tête. A un moment, il le vit stupéfait. Il ouvrit la bouche mais se ravisa et laissa son fils finir. Celui-ci sut à cet instant qu'il avait compris. Il termina, un peu inquiet. Un silence s'installa que son père finit par rompre:
" Où as-tu eu ceci? demanda-t-il doucement
- Quelqu'un me l'a prêté.
- C'est elle, n'est-ce-pas?
- Oui, papa.
- Comment as-tu fait? Et pourquoi?
- Depuis la mort de maman, tu n'es plus le même, tu as perdu ta joie de vivre. Je te vois te renfermer petit à petit dans ta douleur. Je voudrais que tu reprennes goût à la vie, tu as encore de belles années devant toi. Je voudrais que tu sois heureux de nouveau.
- Et pourquoi elle? dit-il ému
- C'est à cause de la lettre. J'ai vu l'effet que ça t'a fait de la relire. Alors j'ai cherché cette femme, j'ai pensé qu'elle pourrait m'aider à te faire retrouver l'envie de vivre.
- Elle a dû m'oublier depuis tout ce temps……"
Armel sourit:
" Je crois qu'elle n'a rien oublié du tout, si j'en juge par sa réaction quand elle m'a vu et par son sourire quand elle m'a parlé de toi.
- Elle t'a tout raconté?
- Oui, je lui ai demandé. J'en sais plus que toi à présent sur ses sentiments de l'époque….. Anna a encore beaucoup de tendresse pour toi, je l'ai vu dans son regard, son attitude. Elle m'a aussi montré ta réponse à sa lettre.
- Elle l'a gardé?
- Oui, elle a eu la même réaction quand je lui ai montré . Elle était surprise que tu l'ai conservée.
- C'est vrai…… Je ne sais pas pourquoi, mais je n'ai jamais pu me résoudre à la jeter…… "
Pour le coup, je vous laisse encore en suspens mais là, je n'ai pas écrit la suite. J'ai la fin en tête mais il me manque le lien entre les deux. Il va falloir patienter un peu hihihi
J'espère qu'il n'y a pas trop de fautes, sans doute des erreurs de conjugaison…...